Études
L’institut d’études français BVA, revenu dans les mains de ses actionnaires historiques au terme d’un imbroglio judiciaire, reste suspendu à un recours d’Alcentra qui semble peu probable.

Serait-ce la fin d’un feuilleton judiciaire de plus de sept mois ? En tranchant, le 13 janvier 2021, en faveur du projet de reprise XPage porté par les actionnaires historiques de la société d’études et de conseil BVA, placée en redressement judiciaire début juin 2020 et attribuée dans un premier temps au fonds de dette britannique Alcentra, la cour d’appel de Toulouse a fait couler beaucoup d’encre. En cause : une décision jugée « politique » par un certain nombre d’observateurs, eu égard au contexte économique et à la décision rarissime du parquet consistant à faire appel du jugement de première instance. « Cette décision agite un certain nombre de représentations et de fantasmes », tente d’expliquer la directrice générale Dominique Levy, qui y voit surtout une « décision sociale » en raison de l’appui des salariés pour le projet XPage.

Flashback exigé

« Cela répond à une forme de logique et s’inscrit dans la lignée de décisions prises régulièrement en droit commercial », estime le DG Édouard Lecerf, sans nier que « la question de la souveraineté a pu jouer un rôle ». Du côté d’Alcentra, qui a deux mois pour effectuer un éventuel pourvoi, on ne souhaite pas commenter cet épineux dossier. Pour comprendre, un flashback s’impose. Repris en 2000 par des entrepreneurs toulousains dont Gérard Lopez, actuel président, BVA se lance ces dernières années dans une stratégie de croissance externe ambitieuse. En 2017, le fonds Naxicap prend 51 % du capital et la dette nécessaire à ce rachat avec effet de levier est fournie par Alcentra, outre une enveloppe visant à financer une acquisition aux États-Unis. Soit un total de 128 millions d’euros.

La stratégie d’internationalisation s’avère payante et en 2019, BVA affiche un chiffre d’affaires record de 200 millions d’euros. Mais avec la pandémie, l’institut se trouve rapidement confronté à une baisse d’activité brutale quoique temporaire. « À la différence de certains concurrents, nous sommes peu présents dans la grande distribution au contraire du retail ou de l’hôtellerie-restauration, qui ont été plus affectés », replace Dominique Levy. C’est à ce moment-là que les versions divergent. Alors que les actionnaires historiques jugent leur principal créancier responsable de la situation pour avoir refusé d’autoriser un prêt garanti par l’État, Alcentra réfute et dénonce fin décembre 2020, sur un site dédié aux salariés de BVA, une manœuvre visant à « se débarrasser de la dette obligataire » et à l’évincer.

Bataille rangée

Une thèse que le fonds ne souhaite pas étaler davantage même si, selon une source proche du dossier, Alcentra en est convaincu : les dirigeants de BVA auraient instrumentalisé la procédure de redressement judiciaire. Et si le fonds dit « examiner la voie d’un pourvoi en cassation », rien n’indique que ce troisième et dernier round judiciaire aura lieu. « D’une part, la procédure peut être longue. D’autre part, Alcentra a récupéré cet été l’actif nord-américain du groupe, de loin le plus profitable », pointe cette même source. Preuve que BVA va peut-être pouvoir tourner enfin la page 2020.

Chiffres clés

850. Nombre de salariés du groupe dans le monde.

120 millions d’euros. Chiffre d’affaires 2020.

140 millions d’euros. Chiffre d’affaires prévisionnel 2021.

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