« Nous sommes dans une situation de cocotte-minute ». Voilà comment Gilles Poussier, président de l’agence Gens d’événement, voit la rentrée dans l’événementiel. Après des mois d’arrêt, et alors que le Tour de France parti fin août envoie un signal positif au marché, c’est tout un secteur qui voudrait se relancer. Il faut dire qu’il a payé très cher la crise. Arrêt brutal à la mi-mars, zéro chiffre d’affaires réalisé depuis lors pour certains acteurs, passage en chômage partiel pour le gros des équipes… « Pendant cinq mois, il ne s’est rien passé. Mais les besoins sont là. Les clients nous le disent », ajoute le dirigeant.
Une rentrée « step by step »
La rentrée ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices du point de vue sanitaire. Le nombre de contaminations est en hausse, le masque se généralise, les réglementations changent au gré de l’évolution de l’épidémie. Dans ce contexte, le dispositif d’activité partielle a d’ailleurs été prolongé pour l’événementiel jusqu’à fin décembre. Et si les salons reprennent timidement - la tenue d’Heavent Meetings les 1er et 2 septembre à Cannes, le premier organisé depuis le démarrage de la crise, en est un exemple - beaucoup d’annulations ou reports restent à déplorer. Pour les entreprises, difficile de projeter un rassemblement dans une telle situation. Résultat, « nous avons une visibilité très restreinte au mois le mois. Il faut être agile et flexible, explique Fabien Duranel, directeur de Mondial Events. Nous faisons face aujourd’hui aux craintes de nos clients. Aujourd’hui ça repart, oui mais où et comment, c’est compliqué ». Pour lui, comme pour beaucoup, la rentrée se fera « step by step ».
Tête froide
« C’est une rentrée faite d’incertitudes - réglementaire, économique, psychologique - et de certitudes, à commencer par le fait qu’organiser des événements, c’est possible : la REF [événement de rentrée] du Medef, [A]live à Heavent Meetings, le Big Tour cet été », avance Vincent Dumont, vice-président de Lévénement, association qui a porté [A]live, des débats positionnant l’événementiel comme acteur de la relance économique. Côté clients, la demande a commencé à reprendre, alors que les acteurs du secteur sont nombreux à témoigner d’un « vrai besoin de se réunir ». « Depuis mi-juin nous avons reçu une rafale de briefs, dont beaucoup de gagnés, témoigne Florence Mayer, directrice générale adjointe de l’agence FC2 Events. Mais il faut garder la tête froide : ces événements pourront-ils vraiment avoir lieu ? ». En attendant, les agences s’adaptent, comme elles le font depuis le début, notamment en se renforçant sur le digital. Organisation d’événements en plus petit format, montée en puissance du rôle de conseil sur la partie sanitaire, recherche de nouveaux modèles… Elles se penchent aussi sur d’autres pistes.
« C’est une rentrée incertaine mais la lumière est au bout du tunnel. On sent des frémissements. On doit s’adapter depuis longtemps et pour longtemps », résume Christophe Lapouge, directeur de Novabox. Reste à voir pour combien de temps… « 2021 dépendra des quatre prochains mois. On va beaucoup parler des événements comme le Tour de France. Si tout se passe bien, sans dérapages comme cet été, les gens commenceront à prendre confiance », affirme Romuald Gadrat, PDG de Weyou Group, organisateur de Heavent Meetings.