Comment envisagez-vous cette année 2011?
Jerry Buhlmann. Nos dernières prévisions de croissance du marché publicitaire mondial sont de 5,7% cette année et de 6,2% en 2012. Mais on observe un retour à la croissance à deux vitesses, avec l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest aux performances moyennes, et le Brésil, le Moyen-Orient, l'Afrique, la Russie et l'Asie-Pacifique qui se développent beaucoup plus fortement. Dans les cinq prochaines années, 50% de la croissance publicitaire mondiale sera générée par le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine et seulement 8% par l'Europe de l'Ouest.
Dans ce contexte, quelles sont vos priorités?
J.B. Nos priorités, sur nos deux activités Aegis Media [conseil médias et achat d'espace] et Synovate [études de marché], sont l'Asie-Pacifique et l'Amérique du Nord. En ce qui concerne notre division médias, nous réalisons déjà 32% de nos revenus dans le digital et nous visons 35% cette année. Nos cinq marques phares (Carat et Vizeum en conseil médias et achat d'espace, Postercope en affichage et I-Prospect et Isobar en digital) ont toutes une stratégie digitale intégrée et sont organisées dans chaque pays autour d'un seul centre de profit.
Pour présenter une offre réellement intégrée, ne vous manque-t-il pas toutefois une expertise créative et publicitaire?
J.B. Isobar est en soi une agence créative produisant et créant une multitude de contenus, jusqu'à des spots TV dans certains pays. Nous avons opté pour un nouveau modèle, qui n'est pas basé sur la production publicitaire classique, mais sur le digital. En fait, notre force est d'entrer par les médias. On a davantage le contrôle sur les stratégies de communication grâce à une relation privilégiée avec l'annonceur sur trois à cinq ans et ce, parfois, sur une vingtaine de marchés. Nous avons ainsi des centaines d'opportunités pour proposer nos idées. C'est le cas aujourd'hui pour des clients comme Kellogg's ou Nokia, et particulièrement sur des marchés comme les Etats-Unis et l'Espagne. En France, l'adoption de ce nouveau modèle est en cours, mais cela prend plus de temps car le marché est très mature et nous avons déjà de fortes positions.
Que vous inspire la création par Aegis Media France de l'agence Blue AM?
J.B. C'est pour nous une initiative intéressante en matière de création de contenus. Nous autorisons des innovations de ce genre selon les besoins de chaque marché. Mais pour l'heure, cela ne concerne que le marché français.
Vous avez récemment déclaré qu'Aegis devait privilégier des acquisitions de petite ou de moyenne taille. Quels sont vos objectifs?
J.B. Après de gros rachats ces derniers mois en Australie, Chine et Russie, nos priorités iront en effet désormais à des cibles plus modestes, mais toujours dans des régions à forte croissance, sur des expertises digitales et pour toute opportunité porteuse d'innovation: médias sociaux, marketing mobile, etc. Sinon, les Etats-Unis, où nous nous classons au 8e rang, restent pour nous un marché prioritaire. Pour la première fois, l'an dernier, l'Europe a représenté moins de 50% de nos revenus, l'Asie-Pacifique 33% et l'Amérique du Nord 20%.
Récemment, Vincent Bolloré, actionnaire de votre groupe à hauteur de 29,9%, a déclaré qu'Aegis n'était pas indispensable au développement d'Havas. Qu'en pensez-vous?
J.B. C'est un investisseur avec lequel nous avons de bonnes relations. Mais Aegis ne représente qu'une petite part de la totalité des investissements de Vincent Bolloré. Quant à l'éventualité d'un rapprochement, objectivement, cela ne s'impose pas naturellement, les deux groupes étant forts sur les mêmes marchés. Nous faisons bien sûr des affaires avec Havas sur certains marchés. Mais Havas reste pour nous un concurrent.
(encadré)
Dates clés
26 novembre 1959. Naissance à Londres.
1980. Entre chez Young & Rubicam London.
1983. Rejoint WCRS.
1989. Création de l'agence médias BBJ.
1999. Vente de BBJ à Aegis Group.
2000. CEO de Carat International.
2003. CEO d'Aegis Media EMEA.
Juin 2008. CEO d'Aegis Media.
Mai 2010. CEO d'Aegis Group.