Le développement du digital et la montée en puissance de l'entertainment suscitent bien des vocations. Et pas seulement dans l'univers des agences-conseils: les avocats s'y mettent aussi. Ainsi, Julie Jacob, avocate associée depuis neuf ans du cabinet PDGB, où elle était chargée du département propriété intellectuelle-médias-technologies de l'information et de la communication, et Didier Poulmaire, avocat d'affaires à son compte depuis fin 2005, figure du droit de l'entertainment, du sport et du licensing, s'associent pour créer le cabinet Poulmaire-Jacob.
S'il existe des équipes spécialisées au sein des gros cabinets d'avocats parisiens, celui-ci est le premier à être entièrement consacré à ces sujets. Les deux nouveaux associés, qui se sont rencontrés il y a environ un an en travaillant sur un dossier pour le tournoi de polo de Deauville, ont installé leurs bureaux place de la Madeleine, à Paris. Ils emploient une dizaine d'avocats spécialisés dans les médias, le sport, les télécoms, les marques, etc. Ces spécialistes partagent leur activité entre le conseil (accompagner les clients pour signer des contrats, négocier des «deals», émettre des avis sur des projets, soit l'essentiel de leur activité) et le contentieux (30% environ). Leurs clients sont des entreprises et des marques (Partouche, Auchan, RTL, l'agence de mannequins Élite, etc.), des sportifs (comme Yoann Gourcuff, Laure Manaudou, Amélie Mauresmo), des éditeurs de sites Web, des producteurs de cinéma…
Si le périmètre du cabinet Poulmaire-Jacob peut, à l'occasion, englober des missions d'agent, il va bien au-delà. Les marques, dans toutes leurs dimensions (dépôt, gestion, défense, notamment sur le Web, contrat avec des stars, etc.), sont au cœur de son activité. Didier Poulmaire est connu pour accompagner des personnalités dans leurs relations avec celles-ci (Laure Manaudou, notamment), et inversement des marques avec des «people» (Tag Heuer et Lancel, par exemple). Spécialisé dans le sport, il gère aussi tout le sponsoring de BNP Paribas dans le tennis.
Un contexte réglementaire et juridique mouvant
Le rôle de Poulmaire-Jacob, expliquent ses fondateurs, est d'une part de procéder à un audit juridique, ce qui permet à une entreprise de disposer d'une photographie de tous les contrats qu'une vedette a signés, de savoir qui a le droit, dans le monde entier, de faire quoi avec telle ou telle star; d'autre part de négocier les contrats avec les avocats, les agents, d'en prévoir les détails et les clauses suspensives (dopage, chirurgie esthétique, etc.). Bref, d'être «un véritable partenaire des entreprises et des personnalités qu'il représente, gardien de la marque et de l'image», selon les termes du communiqué de presse qui a été diffusé le 4 janvier 2011. «Nous concevons notre rôle d'avocat comme un moyen pour nos clients de mieux anticiper les évolutions juridiques et techniques qui touchent leur univers, notre but étant d'optimiser et de sécuriser leurs projets et leur développement», explique Julie Jacob à Stratégies.
De fait, l'évolution technologique très rapide rend particulièrement mouvant, voire instable, le contexte réglementaire et juridique dans lequel les entreprises et les marques doivent évoluer. «On court après la réalité, mais on va plus vite que le droit, souligne Didier Poulmaire. Et, dans ces “business”, c'est la notion anglo-saxonne de contrat qui prime. En outre, la multiplication des accords interprofessionnels permet de stabiliser un peu l'environnement.»
Des secteurs prometteurs
De nouveaux champs s'ouvrent sans arrêt. Les deux associés ont, par exemple, les yeux rivés sur le développement annoncé du placement de produits à la télévision (consécutivement à une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel, en mars 2010) et sur l'univers des jeux en ligne. Ce dernier secteur est l'un des «dadas» de Julie Jacob, qui se flatte au passage d'être le seul avocat à être désigné certificateur par l'Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne).
L'art est un autre terrain de jeu prometteur. «C'est encore l'un des rares secteurs peu encadré juridiquement. Mais cette situation va changer, notamment du fait que les galeristes interviennent de plus en plus comme de véritables producteurs, à l'instar du monde de la musique et du cinéma», souligne Julie Jacob, qui conseille la galerie Kamel Mennour.