Allez-vous organiser à nouveau des événements de grande ampleur en France?
Richard Attias. Depuis mai 2010, je suis libéré de ma clause de non concurrence avec Publicis. Celle-ci m'empêchait de travailler avec les clients dont je m'occupais au sein du groupe. En janvier 2011, j'organiserai donc un forum à Paris sur le développement durable pour SNCF Geodis, qui présentera sa stratégie en la matière à ses clients, ses partenaires et la presse. Je travaille aussi sur d'autres événements hexagonaux dans le courant de l'année prochaine…
Quels sont vos projets à l'étranger?
R.A. A côté de mon agence The Experience et de la fondation du New York Forum, je réfléchis en ce moment à la création d'une nouvelle enseigne, appelée «DNA/ADN». Elle s'occupera de peu de clients, mais ceux-ci seront très spécifiques, des pays ou des gouvernements par exemple. Son expertise portera sur les contenus et les partenariats dans une logique de constitution de réseaux. Le premier projet de cette enseigne sera China 360, une opération dont les annonceurs sont des villes chinoises de plus de cinq millions d'habitants. Ces cités n'ont pas de contact avec le monde occidental, d'où l'intérêt de présenter notamment leurs spécialités économiques. China 360 se déroulera en 2011 à New York, peut-être à un rythme trimestriel. Enfin, je relance la conférence des prix Nobel, qui se déroulera en mai 2011 à Fès, au Maroc.
Comment analysez-vous la crise qui a frappé l'événementiel ?
R.A. Il n'y a pas eu de crise spécifique dans l'événementiel car cette discipline n'a fait que subir une conjoncture mondiale. Dans ce secteur, la leçon à retenir est d'éviter la constitution de trop grosses structures. Deux cents employés suffisent. En outre, lorsqu'une agence décroche un budget colossal, il faut résister à la tentation de se structurer exclusivement en fonction de celui-ci car les retournements de situation sont fréquents dans notre métier. Le leader mondial de l'événementiel, l'agence Jack Morton [groupe Interpublic], a 400 collaborateurs aux Etats-Unis. Elle a remporté les budgets des Jeux olympiques d'Athènes et la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, mais n'a pas obtenu les Jeux de Londres 2012. Elle a dû s'adapter… L'économie mondiale est cyclique. En termes de secteurs, le luxe se porte bien, mais qu'en sera-t-il dans cinq ans? Sur le plan géographique, les Bric [Brésil, Inde, Russie, Chine] ont le vent en poupe, mais dans quelques années, cela sera peut-être à nouveau l'Europe. Il est crucial d'anticiper ces phénomènes. C'est pourquoi, chez Publicis, je m'étais attelé à ne pas être trop dépendant d'un seul client, géographiquement et financièrement.
Vous êtes ingénieur de formation, quel est votre rapport aux nouvelles technologies aujourd'hui dans votre métier?
R.A. Ma première carrière [sept ans chez IBM comme ingénieur] m'a appris à ne pas vendre mon âme à la technologie. On ne peut pas bâtir sa vie sur du virtuel, rien ne remplace une bonne poignée de mains. Le logiciel de téléphonie sur Internet Skype, par exemple, s'avère un outil fantastique, mais ne permet pas de réunir 500 personnes. J'intègre les nouvelles technologies au service du contenu de l'événement. Au New York Forum de juin 2010, j'ai acheté 350 tablettes Ipad – qui venait juste de sortir – pour les participants, de manière à ce qu'ils aient un accès direct aux biographies des conférenciers et aux ajustements du programme. Au dernier moment, nous avons ainsi organisé une conférence sur le drame de la marée noire dans le golfe du Mexique.
Comment passe-t-on d'un univers d'ingénieur à celui de l'organisation d'événements pour les puissants de ce monde?
R.A. Ma formation initiale s'explique peut-être par une erreur d'aiguillage. Au début de ma carrière, j'avais le sentiment de ne pas faire quelque chose d'utile. Je suis passé d'IBM à l'événementiel parce que j'ai le goût des autres. En définitive, je crois que l'on fabrique sa propre vie professionnelle.