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Un journaliste licencié l'an dernier par Libération pour sa participation à la Ligue du LOL, groupe Facebook dont les membres ont été accusés de cyber-harcèlement, a réclamé jeudi 17 septembre aux prud'hommes plus de 225 000 euros pour licenciement nul et sans cause réelle et sérieuse. Demande rejetée par le journal.

Alexandre Hervaud, chef du service web de Libération, avait été mis à pied à titre conservatoire en février 2019 quelques jours après les révélations sur ce groupe Facebook et l'énorme déballage médiatique qu'elles ont entraînées, puis a été licencié après une enquête interne. Le conseil des prud'hommes, saisi par l'intéressé (tout comme Vincent Glad, créateur du groupe Facebook, dont Libé s'est également séparé), a examiné jeudi 17 septembre l'affaire en présence du journaliste.

L'un de ses avocats, Me Pablo Montoya, a récapitulé les demandes du journaliste : il ne souhaite pas être réintégré par Libération mais réclame plus de 225 000 euros au total, dont plus de 90 000 euros d'indemnité pour licenciement nul, et d'autres sommes à titre subsidiaire. «Alexandre Hervaud n'a commis aucun manquement à son contrat de travail», a plaidé son conseil, rappelant aussi qu'il n'était visé par «aucune procédure ou jugement».

Rejet de Libération

Dénonçant «une double faillite de Libération, une faillite journalistique et une faillite en tant qu'employeur», l'avocat a estimé que «le traitement médiatique et la pression des réactions sur la Toile ont fait perdre à Libération son sang-froid, et que son licenciement non seulement est nul», car le trouble invoqué par le journal pour justifier son renvoi ne serait pas établi, mais que l'employeur aurait en outre fait preuve de déloyauté dans l'exécution de son contrat de travail, en publiant des articles le mettant en cause.

L'avocat de Libération, Me Arnaud Marguet, a rejeté l'ensemble de ces arguments, soulignant que l'action des membres de la Ligue du LOL il y a une dizaine d'années, largement relatée dans la presse, a eu un impact très négatif pour le quotidien, constituant «un trouble manifeste et caractérisé», et que «l'employeur ne peut pas se permettre de poursuivre la relation de travail» avec des personnes associées à un «environnement toxique». Il a également fait valoir les excuses publiées l'an dernier par le journaliste, et l'enquête interne «équitable» menée par le journal, estimant que le licenciement est totalement justifié.

Le conseil des prud'hommes fera connaître sa décision le 5 novembre.

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