Il paraît qu’à l’origine, il se destinait au planter de bâton : jeune homme, dans les montagnes australiennes, David Droga pensait que, si un jour il quittait son bourg, à neuf heures de route de la prochaine grande ville, ce serait pour parcourir le monde en tant que moniteur de ski. Tout schuss : à 53 ans, le créatif multiprimé, vénéré autant que jalousé, vient d’être promu CEO d’Accenture Interactive, quatrième firme de publicité mondiale. Il remplace Brian Whipple, au profil de superconsultant beaucoup plus classique, dont le motif de départ reste, pour l’heure, sibyllin.
Irrésistible ascension pour celui qui a nommé son agence Droga5, d’après un souvenir de son enfance modeste dans une famille nombreuse - comme il le racontait, lors des Cannes Lions 2018, à Stratégies : « Nous étions six enfants. Je suis le cinquième fils. Nous allions en pension à deux heures de route. Quand je suis parti à l'école, ma mère a cousu sur tous mes vêtements des étiquettes “Droga 5”, alors que mes frères avaient des étiquettes “Droga 1”, “Droga 2”... »
Au-delà de la petite – et belle – histoire, il faut naturellement voir « the big picture », comme disent les Anglo-Saxons : le geste fort du géant du conseil, qui, avec cette nomination, réaffirme sa fringale de créativité publicitaire. Depuis 2013, Accenture Interactive a réalisé pas moins de 40 acquisitions, avec, en plus du rachat de Droga5 - pour la coquette somme présumée de 475 millions de dollars en 2019-, ceux de Karmarama, de la société de design Fjord, et de l’agence digitale Storm Digital…
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