L'overdose guette. Penelope-Gate, Diesel-Gate, Renault-Gate, Le Roux-Gate… Les scandales se suivent et ne se ressemblent pas. À un détail près : le suffixe-« gate », employé jusqu’à la nausée. Certains évoquent une « gate-ification de l’info ». D’aucuns ont peut-être oublié l’affaire du Watergate - du nom du bâtiment où Richard Nixon menait les écoutes illégales qui mèneront à sa démission, en 1974. On oublie aussi que « gate » ne signifie rien d’autre que « porte » ou « portail ». Passé les bornes, y a plus de limites ? Utiliser le terme, c’est signifier un franchissement moral. Mais alors qu’un « gate » chasse l’autre, on finit surtout par avoir le sentiment d’une consommation – boulimie ? – médiatique du scandale. À l’utiliser à tort et à travers, on galvaude un terme fort qui renvoie à une pratique noble du journalisme, celle de l’investigation. C'est sûr, le mot claque. Tout comme le terme "punchline", qui, au cours du débat présidentiel, a supplanté dans la presse les anciennes "petites phrases", comme si les candidats étaient des acteurs de stand-up à la Seinfeld. Spectacularisation de l'info, américanisation du politique... Le tout contribue surtout à l'avénement d'une nouvelle ère : celle de l'insignifiance.