Quelle est l’origine de votre méthode «Devenir influenceur»?
Ma méthode est née d’une rencontre. Celle de Sarah du Breuil, auteure du blog 35ans.fr, aujourd’hui rebaptisé Les Célibattantes. Je l’ai aidée à se faire connaître en amont de la sortie de son premier livre. Le challenge : elle souhaitait rester anonyme, n’avait aucun réseau dans le milieu du livre et disposait de très peu de budget marketing. La stratégie proposée : se positionner en tant que blogueuse pour se forger une légitimité en ligne grâce au pouvoir de l’influence. Autour d’une simple photo glanée sur internet, nous avons tissé tout un storytelling. Très vite, une communauté de « digital mums » très engagées a adhéré au projet, en commentant, partageant, viralisant chaque contenu. 35ans.fr est devenue une marque influente, forte d’une audience de plus de 100 000 personnes et récompensée aux Golden Blog Awards 2015. Six mois plus tard, Sarah du Breuil a pu sortir son livre dans des conditions optimales.
Cette expérience m’a montré que l’influence était simplement la conséquence d’une bonne stratégie de contenus, adaptée à la bonne audience. J’ai alors élaboré une méthode que je commercialise désormais en ligne. Elle comprend une formation vidéo disponible sur mon site internet en libre accès, combiné à un coaching personnel au téléphone.
Pourquoi se concentrer uniquement sur Instagram ?
C’est actuellement le réseau social numéro un quand on parle d’influence. Il s’agit d’une plateforme réellement mass media, mainstream, qui réunit plus d’1 milliard d’utilisateurs et qui a encore une belle marge de croissance. Selon moi, chacun peut y percer de manière organique, c’est-à-dire sans publicité ni achat média, ni partenariat ou passage à la télévision… Instagram est un réseau social de contenus, qui permet de générer assez naturellement de l’engagement et de la visibilité. À noter que le taux d’engagement y est 60 fois plus élevé que celui de Facebook.
N’est-ce pas paradoxal de former à l’influence ? Est-ce un phénomène qui se décide ?
Le mot influenceur revêt d’une connotation péjorative. Mais derrière toute influence il y a d’abord un talent ou une passion. C’est primordial. Sans passion, pas d’influence. Nombreux sont ceux qui me contactent pour de mauvaises raisons : devenir populaire et gagner de l’argent. L’influence est un outil à utiliser pour faire connaître un savoir-faire. Mon propos est plutôt de voir comment acquérir de l’influence dans tous les métiers. Tout le monde peut devenir influenceur : un blogueur, un cuisinier, un mannequin, un sportif, un chef d’entreprise… Instagram leur permettra d’atteindre leurs objectifs de visibilité, de notoriété, de business. Pour cela, il faut se concentrer sur un « contenu expert », différent de la concurrence, qui apporte de la valeur à une audience très précise. C’est une véritable stratégie à mettre en place, qu’il faut creuser et filer avec régularité. En fonction de la cible identifiée, il s’agit de réussir à émettre le bon twist. J’ajoute qu’il faut aussi du temps à investir dans la production de contenus et de la patience. Même avec quelques milliers d’abonnés, on peut commencer à profiter d’un complément de revenu, voire de vivre de sa passion grâce à Instagram.
Influenceur, c’est une profession ?
Oui, c’est devenu un métier. C’est une personne qui produit du contenu sur une thématique susceptible d’influencer le comportement d’un nombre significatif de consommateurs. Mais l’influence peut également venir en complément d’une autre profession, pour développer un nouveau canal d’acquisition. L’influenceur, c’est toujours un particulier, qui a pris le pouvoir à l’avènement du web 2.0 et des réseaux sociaux. La participation des annonceurs à cet écosystème a aidé la profession à se construire.
Y a-t-il encore de la place pour de nouveaux influenceurs aujourd’hui ?
C’est surtout le marché du lifestyle qui est effectivement très bouché, les aspirants influenceurs dans ce domaine sont innombrables. C’est pourquoi il est fondamental de développer son unicité pour se confronter à moins de concurrence possible. Car les acteurs référents du lifestyle aujourd’hui sont des personnes qui ont débuté il y a plus de six ans. Ils ont avant tout commencé par passion sans objectif business derrière la tête. L’audience est arrivée sans préméditation. Mais il reste encore tellement de niches à truster hors du lifestyle : l’écologie, le tourisme, le mobilier…
Certains observateurs prédisent pourtant la fin des influenceurs…
On remarque en effet une mutation du marché et le déclin d’une certaine forme d’influence : celle de la « macro-influence » justement. Parvenues à un certain niveau, ces personnalités publiques perdent paradoxalement de leur pouvoir d’influence. Caroline Receveur, Sananas, Enjoy Phoenix… Plus le nombre d’abonnés est grand, plus la relation avec la communauté est éloignée, plus le taux d’engagement s’affaiblit. Elles sont désormais suivies pour qui elles sont et non pour le contenu qu’elles publient. Les annonceurs sont à la recherche d’authenticité et donc se tournent plutôt vers des micro, voire des nano-influenceurs, qui présentent de meilleurs taux d’engagement pour un meilleur retour sur investissement. Aujourd’hui, on s’oriente davantage vers un modèle à la chinoise basé sur les KOL (key opinion leaders) qui sont des influenceurs experts d’une thématique, et créateurs d’un contenu qui apporte de la valeur.
Influence, les bonnes pratiques
1. Le contenu est roi. Pour apporter de la valeur avec un contenu expert, soigné et impactant, il est nécessaire d’analyser la thématique sur laquelle on est compétent, ainsi que les besoins et les attentes de l’audience sur ce marché. Puis, suivre avec constance sa ligne éditoriale stratégique.
2. La communauté est clé. Il faut entretenir un lien fort avec son audience, en misant sur les Stories, les commentaires et les messages privés notamment. Demeurer dans une conversation permanente pour tisser une vraie relation. La régularité est essentielle.
3. Les hashtags sont indispensables. Ils permettent d’aller chercher une audience nouvelle qui s’intéresse aux mêmes thématiques. Il ne faut d’ailleurs pas les choisir à la légère : associer à la fois des mots-clés génériques et de niche. Le but est de se positionner en « meilleure publication » dans la bibliothèque qui référence les contenus connexes.