Métier
De la formule la plus légère (Mooc en ligne) à la plus lourde (MBA ou mastère), voici comment monter en compétences dans le numérique en fonction de vos besoins.

Plus de neuf salariés sur dix estiment que le numérique a un impact majeur sur leur métier et leurs compétences, dans une étude menée par Telecom école de management et publiée le 20 juillet dernier. Ce sondage dévoile l’ampleur des bouleversements en cours : si les salariés ont compris que la clé de la survie était la formation, ils ont aussi pris conscience qu’ils devaient se prendre en main : « 95 % des personnes interrogées utilisent l’autoformation pour développer leurs compétences, et seulement 52,5% ont recours aux formations en entreprise.» Alors comment se former efficacement au numérique ? Cela dépend de vos besoins et objectifs. Suivez le guide.

 

1 –Pour s’inspirer et se perfectionner

« Quand il s’agit de comprendre les innovations en cours, les tendances, il faut participer à des conférences et des événements », juge Marie Ducastel, présidente du directoire d’Abilways (CPFJ, institut supérieur du marketing...). Les digital day organisés par des sociétés de formations (comme le Hub Institute) ou des groupes eux-mêmes pour leurs salariés sont aussi une bonne solution. « Afin de mieux maîtriser la culture digitale, ses concepts, ses termes, il faut aussi lire des médias qui en traitent (Stratégies, le Journal du Net, Frenchweb…) », précise Emmanuel Vivier, cofondateur du Hub Institute.

Pour acquérir des connaissances de bases sur un sujet ou se perfectionner, les « Mooc » (massive online open course) peuvent faire l’affaire. A l’instar de celui que vient de lancer CoorpAcademy, baptisé « culture digital » dont les modules payants (à partir de 2,99 euros) portent sur des thèmes comme les réseaux sociaux, le big data, l’e-commerce… Le double intérêt des Mooc, selon Jean-Marc Tassetto, cofondateur de CoorpAcademy (lire son portrait page xx), c’est que l’on est connecté à un forum (on peut interagir avec les autres étudiants), et l’apprentissage s’adapte à votre niveau (évalué par un test). Autre Mooc de référence sur le digital, Solerni, la plateforme d’Orange ou celle du groupe Ionis (IonisX) avec des cours tels que « Story-telling digital », « Introduction au Game design »... Le Hub Institute, de son côté, propose un test baptisé le « QI digital », un questionnaire sur dix dimensions afin de s’évaluer et dresser une cartographie de ses forces et de ses faiblesses. Une version individuelle sera disponible gratuitement en ligne.

Les plus motivés peuvent opter pour de l’autoformation sans Mooc : « Il y a beaucoup de supports sur slide-share portant sur le marketing, le digital, le social, note Emmanuel Vivier. Je crois au mobile-learning, avec des apprentissages très découpés, sous la forme de trois ou quatre questions par jour étalées sur deux mois. » Idem quand il s’agit de mieux connaître un métier, d’y être sensibilisé : « Par exemple, nous organisons des formations courtes de trois jours pour comprendre ce qu’est la fonction de community manager, précise Marie Ducastel. Elles s’adressent à un directeur marketing ou communication. »  Enfin pour les dirigeants, la sensibilisation se fait bien souvent grâce aux « learning expéditions » qui se multiplient dans la Silicon Valley.  

 

2 – Pour acquérir de nouvelles compétences dans son métier

Quand il s’agit d’acquérir de nouvelles compétences, pour rester dans le train du digital, la bonne solution, ce sont les cycles certifiants ou diplômants. Ils peuvent durer d’une dizaine à une trentaine de jours, étalés sur plusieurs mois. Stratégies Formation propose ainsi un cycle de 10 jours avec Dauphine, intitulé marketing et communication digitale, avec trois sessions par an. Et un autre cycle également en partenariat avec Dauphine « Médias sociaux et community management » (10 jours). Chez Abilways, les parcours certifiants qui fonctionnent bien sont : social média manager (13 jours, au CFPJ), marketing digital (9 jours, à l’ISM). « Nous avons un cycle diplômant executive mastere communication, marketing et transformation digitale, en 28 jours, étalé sur quatorze mois et diplômant », indique aussi

Julie Thinès, directrice de Mediaschool executive education.

Il y a aussi la possibilité de créer son propre parcours de formations en enchaînant les formations courtes de trois jours: « Les formations courtes de trois jours en présentiel ont encore de l’avenir, note Servane Duigou, responsable de l’offre Stratégies formation chez Comundi. Par exemple la session de trois jours “les fondamentaux du marketing digital” » (leviers du digital, référenct naturel, display, emailing, webanalytics, medias sociaux…) fonctionne très bien. »  

 

3 – Pour plonger dans le grand bain du digital ou se reconvertir

Si votre métier n’a pas encore été touché par la « digitalisation » ou alors, pire, s'il est carrément menacé de disparition, là il vaut mieux envisager des cursus au long cours. L’ESG propose un MBA e-business, l’institut Léonard de Vinci des MBA et MBA spécialisés web, l’EFAP vient de lancer un MBA en cette rentrée, spécialisé digital marketing & business… Enfin, Mediaschool executive education va ouvrir, en mars prochain, un executive mastere, baptisé « Data strategy » : « A temps partiel, il dure vingt-quatre jours étalés sur douze mois, précise Julie Thinès. Il vise à former les futurs chief data officer. »

Enfin, en cas de reconversion, tous les experts sont formels, ce qui fait foi, c’est l’expérience. « La théorie ne suffit pas pour prendre un virage digital, il faut des stages, de la pratique », prévient Marc de Torquat, directeur général de Shefferd.

3 questions à…

Amélie Courty, présidente de la commission sociale de l’AACC et DRH de Havas Paris

En début d’année, les partenaires sociaux de la publicité ont signé un accord sur la formation, où en est-on ?

Amélie Courty. La tuyauterie se met en place et le compte personnel de formation (remplaçant du DIF, droit individuel à la formation) démarre lentement, car il une certaine complexité de mise en œuvre. On pousse à la roue avec les partenaires sociaux pour que le CPF soit plus accessible pour les salariés, et donc plus utilisé.

Qu’est-ce que cela changera pour les salariés de la publicité ?

A.C. Toutes les entreprises du secteur sont couvertes par l’accord publicité, or la contribution à la formation dans les grandes sociétés est supérieur à l’obligation légale en matière de formation, rarement dans les petites. Avec cet accord le plan de formation est mutualisé au niveau du secteur pour les petites structures, et géré par  l'AFDAS (organisme paritaire collecteur agréé), cela leur permettra d’offrir davantage de formations, et des formations de meilleure qualité à leurs collaborateurs.

Et les formations au numérique ?

A.C. Nous souhaitons développer au niveau de la branche publicité les CQP, certificats de qualification professionnelle. Cela nous permettra de construire des blocs de compétences et de découper les apprentissages : ainsi un salarié pourra utiliser son compte personnel de formation (CPF) pour les blocs 1, 2, 3 et suivants au fil des années.

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