Régie
Exigeant et pressé, Arthur Millet mène tambour battant la monétisation des audiences digitales du groupe Amaury. Avec pour maîtres-mots collectif et proximité.

Nul doute, Arthur Millet a le sens de l'équipe. Et pas seulement parce qu’il travaille au groupe Amaury, éditeur de L’Equipe et du Parisien-Aujourd’hui en France, où il est chargé de la monétisation des audiences digitales. «Je ne suis pas dans la performance individuelle, notre objectif est collectif. Celui qui n’aide pas l’autre, il est dehors», tranche Arthur Millet, également président du Syndicat des régies internet (SRI).

Pour faciliter cet état d’esprit, le quadra mise sur la responsabilisation. «J’ai vu trop de patrons qui voulaient tout faire, et, plus on descendait dans la hiérarchie, plus les salariés étaient démobilisés. Moi, je fonctionne en pyramide inversée. Mes équipes sont très autonomes tout en étant responsabilisées. J’attends d’elles qu’elles soient proactives, créatives, agiles et réactives.»

Maison de verre.

Au quotidien, Arthur Millet prône la proximité, les choses dites clairement. Du plateau, les cloisons en plexi permettent à chacun de voir son bureau. Sa porte est très souvent ouverte, quand il n’est pas dans l’open space à échanger avec les uns ou les autres. Il communique aussi beaucoup par e-mail, fait régulièrement des points en «one to one», pour régler les choses rapidement, et le moins possible de réunions, sources de perte de temps.

Sous sa direction, 22 salariés, répartis en deux pôles: les commerciaux d’un côté, et ceux en charge des opérations et des projets de l’autre. Moyenne d’âge: 30 ans. «C’est plus facile de mettre en place cette façon de travailler avec une équipe jeune. C’est de toute façon indispensable, sinon ils partent travailler ailleurs.»

Le manager est connu pour être exigeant, surtout avec lui-même, parfois dur. «Je félicite mes salariés quand vraiment ça le mérite», reconnaît-il. «Il a un niveau d'exigence qui peut être déstabilisant pour des gens qui ne sont pas dans ce mode d'excellence. Il est presque élitiste dans son rapport à l'autre», note Marianne Siproudhis, présidente d'Amaury Médias. «C’est un vrai patron d’équipe, courageux sur le plan managérial, qui assume quand telle personne n’est pas dans ses choix. Il sait aussi se battre pour ses équipes», estime Yann Chapellon, directeur de la diversification à France télévisions, qui l'a connu au Monde interactif.

Un homme pressé.

Discret, Arthur Millet est aussi un homme pressé. «J’aime que les choses aillent vite. Le marché évolue très rapidement et il y a le risque de se faire voler telle ou telle idée. Je secoue beaucoup mes éditeurs. C’est d’autant plus indispensable quand on est sur une marque leader comme ici ou avant au Monde car on a tendance à s’endormir», explique-t-il.

Lui, fourmille d’idées, qu’il met en application en mode projet. «On teste les choses, parfois on se trompe, parfois on arrive trop tôt.» Pour l’Euro 2012 par exemple, il fait bondir ses équipes en proposant la mise en place d’un planning de réservation à la manière des régies télé. C’est un échec, mais pas de quoi le décourager. L’idée, améliorée, est reprise pour le Mondial de football 2014 et dans quelques mois pour la Coupe du monde de rugby.

«Il sait bien s’entourer et il est très fidèle. On est plusieurs à l’avoir suivi d’I-régie au groupe Amaury. Il ne change pas une équipe qui gagne», s’enthousiasme Valentine Leroux-Robert, ex-responsable de pôle à Amaury Médias. Le sens de L'Equipe... comme du Parisien.

PARCOURS

1968. Naissance le 3 mai, à Saint-Germain-en-Laye.

1991. Master d’histoire à Paris-I Panthéon Sorbonne.

1995. Responsable de la publicité et des partenariats à Radio Nova.

2001. Directeur délégué d’I-régie (groupe Le Monde).

2010. Directeur digital Amaury Médias.

2014. Président du Syndicat des régies internet (SRI).

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