Depuis 2010, Renault collabore avec les sapeurs-pompiers pour réduire leur temps d’intervention, notamment par l'innovation. Pour cette première prise de parole sur le sujet avec son agence Publicis Conseil, le groupe a fait appel aux réalisateurs de documentaires Jules et Gédéon Naudet. Une campagne qui donne à voir l’automobile sous un nouvel angle.
Publicis Conseil crée la surprise avec sa dernière campagne « Time Fighters : Chaque minute compte ». Conçue pour son client historique Renault, cette campagne est en fait un documentaire sur le quotidien des pompiers de la caserne de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Une sorte de Vis ma vie ancré dans la réalité parfois difficile des pompiers, sans pour autant tomber dans le pathos. Si Renault a commandé ce documentaire à son agence en juin 2022, ce n’est pas pour faire la promotion d’un véhicule en particulier mais pour mettre en avant les nouveautés technologiques liées à leur plateforme de sécurité « human first program », qui englobe à la fois des systèmes de sécurité avant, pendant et après le crash de leurs voitures. « Renault ne nous avait jamais parlé de ce programme avant, alors que ça fait plus de dix ans qu’ils travaillent dessus. C'est la seule marque à faire cela », avance Mathieu Degryse, créatif chez Publicis Conseil.
Renault participe en effet à la formation et à l’entraînement des sapeurs-pompiers, en faisant don notamment de 4 000 voitures par an, pour les aider à gagner du temps en cas d’intervention sur un grave accident et réduire le nombre de victimes sur la route. Comme on peut le voir dans le documentaire avec le lieutenant-colonel Christophe Lenglos, détaché du Sdis des Yvelines et employé à plein temps chez Renault en tant qu’ingénieur, les sapeurs-pompiers sont impliqués dès la conception des voitures. « Pour éteindre un feu de voiture, habituellement il nous faut 42 000 litres d’eau, pendant deux à six heures selon les batteries. Là, le fireman access nous permet en quelques minutes de noyer la batterie », explique un des pompiers dans le documentaire. Concrètement, ce « fireman access » est un accès qui permet d’introduire de l’eau au cœur de la batterie haute tension d’un véhicule électrique pour éteindre l’incendie en quinze minutes chrono.
Lire aussi : Il était une fois Aldi
Afin de mettre en scène ces avancées, l’agence a fait appel aux frères Naudet. Avides de sensationnalisme et de réalisme, ces réalisateurs se sont fait connaître pour leurs documentaires sur les attentats du 11 septembre 2001 à New York et du 13 novembre 2015 à Paris, ou encore sur l’incendie de Notre-Dame de Paris. « Nous avons tout de suite pensé à eux pour cette campagne car nous savions à quel point ils sont fans de pompiers, mais nous n’étions pas sûrs qu’ils accepteraient car ils n’ont jamais réalisé de pub auparavant. Ils ont donc mené leur petite enquête en amont et se sont rendu compte de l’aide réelle apportée par Renault auprès des pompiers. Ils ont donc accepté », explique Yves-Eric Deboey, créatif chez Publicis Conseil. Au départ, les créatifs étaient partis sur un projet de fiction mais leur président Marco Venturelli leur a rappelé l’importance du réalisme pour traiter ce type de sujet. L’écriture trop publicitaire évacuée, les frères Naudet et l’agence embarquent direction la caserne de Montigny-le-Bretonneux en plein mois de décembre. Sur place, ils y restent neuf jours. « Parfois, sur les tournages, il nous arrive de nous sentir de trop. Dans cette caserne, nous étions vraiment les bienvenus, les pompiers étaient heureux de nous montrer ce qu’ils font, il y en avait même qui venaient tous les jours simplement pour nous aider », se remémore Yves-Eric Deboey. Pour ne pas trop gêner non plus, l’agence a dû constituer des équipes réduites et les alterner sur le plateau. « Au moment des interventions, nous arrêtions tout, le tournage passait en second plan », indique Yves-Eric Deboey.
Détail marquant dans ce documentaire : les accidents de la route sont effleurés par la caméra et les victimes ne sont jamais montrées. « Nous ne voulions pas céder au voyeurisme, ni montrer du sang… De plus, en neuf jours de caserne, les garanties d’avoir un accident de la route sont maigres, nous avons donc fait le choix de reconstituer une scène d’accident », témoigne Mathieu Degryse. Ainsi, les pompiers ont mis en scène une désincarcération d’une victime, en condition réelle, ce qui prend environ 40 minutes. « Ce documentaire marquait une nouvelle expérience pour nous. Nous étions à la fois excités tout en étant dans l’inconnu. Ces pompiers ne sont pas des comédiens, nous ne savions pas quels seraient leurs propos, ni si l’émotion serait présente. Les premiers jours, j’avais des doutes. À force de faire face à la mort, les pompiers doivent se blinder, mais après plusieurs jours, il y a eu un relâchement, ils nous ont fait confiance. Il y a plein de témoignages face caméra très durs à entendre, que nous avons choisi de laisser sur notre disque dur », explique Mathieu Degryse. À la fin de ce tournage, ce sont plus de 22 heures à dérusher, soit huit jours de travail pour la monteuse, et de nombreuses pages d’interviews retranscrites à sélectionner, compactées dans un documentaire de douze minutes. En ligne depuis le 30 mars sur YouTube et au cinéma, ce mini documentaire va avoir le droit à sa version longue (20 minutes) et sera prochainement diffusé sur Amazon Prime.
Lire aussi : Sur le tournage de la dernière campagne du Parc Astérix