C’est à la suite de son deuxième burn-out que Priscillia Routier Trillard décide de lancer The Sorority, une application d’entraide et de partage à destination des femmes et minorités de genre pour lutter contre le harcèlement et toutes les formes de violences.
Avant de créer The Sorority, Priscillia Routier Trillard a fait des études de commerce, ainsi qu’un échange aux États-Unis, avant de revenir en France pour faire de la gestion de projet. Elle travaille dans plusieurs secteurs dont la pharmaceutique, qui lui cause son premier burn-out en 2013, puis un second en 2019 quand elle est en informatique. « À ce moment-là, je suis responsable des opérations, mais aussi responsable qualité et référente RGPD dans un grand groupe français. Je me retrouve à faire beaucoup de choses en même temps sans avoir de reconnaissance. C’est en consultant un médecin qui me dit "je te crois", que j’ai un déclic. Juste le fait d’être entendu, ça enlève un poids immense », raconte-t-elle.
À la suite de cet échange, elle médite sur l’idée de connecter les personnes de façon bienveillante. En l’espace de quelques semaines, la solution tombe sous le sens et l’ébauche de créer The Sorority se dessine peu à peu pendant son arrêt maladie et la naissance de son deuxième fils. La fondatrice quitte son entreprise en juillet pour se focaliser sur l’application. « À l’époque, on ne parlait pas tant de féminicide. » En écoutant les interviews, les discours d’associations, elle prend conscience de ce qu’elle a elle-même vécu dans le passé : « Ce qui est difficile, c’est de se rendre compte que tout le monde peut être victime de violences conjugales, et notamment les plus jeunes, dans une société où on a beaucoup glamourisé les relations toxiques, que ce soit par les séries ou tendances TikTok. »
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Elle fonde alors The Sorority, une application d’entraide et de partage à destination des femmes et minorités de genre pour lutter contre le harcèlement et toutes les formes de violences aux côtés de Fanny Chevalier (au graphisme), Thibaud Dervily et Adrien Saulnier (au développement). Les utilisateurs(-trices) doivent remplir des informations personnelles pour compléter leur profil qui sera par la suite vérifié à la main par la fondatrice ou la graphiste. Une fois l’inscription validée, chacun(e) peut consulter la carte pour voir les personnes à proximité. Plusieurs choix s’offrent : proposer une écoute, ainsi qu’un lieu sûr. Une alerte peut être déclenchée en deux secondes en cas de situation de danger, de besoin d’une aide immédiate, ou si l'on est témoin d’une agression.
« Quand j’ai voulu lancer l’application, j’ai contacté plusieurs agences digitales en leur présentant mon projet sans trop en dire, en disant qu’il s’agit d’une initiative pour un impact positif. Ils me proposaient des sommes bien trop élevées, entre 100 000 et 150 000 euros, ce qui n’était pas dans mes moyens. Grâce à Fanny, Thibaud et Adrien, nous avons lancé une campagne de financement », explique-t-elle. Disponible partout en France et dans le monde entier, l’application comptabilise plus de 53 000 profils validés, 4 312 personnes qui proposent un lieu sûr pour fuir, ou encore 8 000 utilisateurs(-trices) qui offrent leur écoute. L’objectif est d’ouvrir l’application aux hommes à partir de l’année prochaine avec le choix pour les personnes de choisir ou non une aide mixte.