L'année 2010 s'annonce comme celle de tous les débats, même des vrais-faux débats… Le dernier en date a été lancé par le blog/site jesuisunclown.com autour du «crowdsourcing», cette forme de mise à contribution de la créativité et de l'intelligence d'une grande masse d'internautes. Les esprits s'échauffent, la polémique enfle et l'on y entend tout et son contraire.
Cette année va être effectivement déterminante. Les consommateurs que nous sommes ont connu plus de bouleversements en vingt ans que jamais dans l'histoire. Nous avons vécu et subi Internet, le 11 septembre, la télé-réalité, les outils de mobilité, les crises alimentaires sur les viandes, les poissons, les légumes, la crise boursière, économique et maintenant sociale, l'urgence climatique, des crises religieuses…
Quel impact sur la communication ? Avant, les acteurs du marché se réinventaient, adoptant une posture d'anticipation. À présent, ils sont obligés de réagir face à des phénomènes qui leur échappent. Ils sont plutôt dans une posture de réaction.
Pour revenir au «crowdsourcing», la question n'est donc pas de savoir s'il s'agit de démagogie ou de manipulation des consommateurs. Il s'agit plutôt de comprendre pourquoi donner la parole à des gens? En effet, quand on parle de consommateur dans un débat sur le «crowdsourcing», c'est qu'on a déjà pas mal de retard sur la nature même du Web 2.0.
Le «crowdsourcing», quand il est employé à bon escient, n'est qu'un moyen et pas un but en soi. Il permet de renouer un contact, de se mettre dans une posture de conversation pour mieux se comprendre mutuellement, bref, améliorer durablement le lien qui nous unis aux consommateurs. Il en résulte une forme d'engagement, autre tarte à la crème très à la mode…
L'utilité du «crowdsourcing», pour une marque, une institution ou une association, est multiple, à partir du moment où il ne se réduit pas à un «coup» pour briller lors du prochain séminaire marketing.
Quand je vois une agence qui avance masquée derrière un blog sur lequel elle lance des débats dans le but de montrer sa grande prescience et qui modère les messages n'abondant pas dans son sens, alors je me dis qu'effectivement les espaces vont s'ouvrir devant ceux qui ont compris qu'il faut savoir descendre de son piédestal, qui croient aux vertus de la transparence, qui savent que les manipulations sont à présent rapidement dévoilées et qui ne se cantonnent pas à ce qu'on sait dans les dîners parisiens.
L'année 2009 a vu l'émergence de nombreux phénomènes reposant sur le «crowdsourcing». La suivante va les pérenniser. Il y aura bien entendu toujours des acteurs du marché qui vont s'y ruer de façon opportuniste et puis il y aura ceux qui y sont déjà, qui l'ont anticipé et compris.
Pour le moment nous sommes encore dans des stratégies à la «je vais sur Facebook ou Twitter par ce qu'il faut y être» alors qu'en regardant du côté de l'Asie et des États-Unis, on peut voir que le «crowdsourcing» et l'engagement sont des tendances lourdes, éprouvées, qui correspondent aux codes, à la culture et aux attentes qui ont fait émerger le concept même de 2.0. Car oui, le 2.0 n'est pas apparu par magie, mais se construit chaque jour par l'interaction de ses acteurs et la création d'un gigantesque maillage hyperlocal.
Si bien que quand je lis, par l'une des figures du clown, qu'il avait anticipé le digital en 2000 et les plates-formes de jeux en 2003, je comprends mieux pourquoi il anticipe le «crowdsourcing» en… 2010.