Les femmes vont-elles encore être les grandes oubliées du numérique en 2025 ? Et si les acteurs de l'AdTech montraient l'exemple en matière de parité ?
Alors que la nomination de Clara Chappaz comme secrétaire d’État à l’IA et au numérique a été saluée par la FrenchTech. C’est un signal fort pour la place des femmes dans la Tech. Grâce à un pacte de parité, plus de 700 start-up s’engagent à atteindre un quota minimum de 20% de femmes dans les conseils d’administration d’ici à 2025. Cette nomination, et le signal qu’elle envoie à l’écosystème numérique français, pourrait donc pousser les mentalités et les pratiques à évoluer. Les attentes sont grandes, les besoins en matière de parité encore plus, et ce n’est pas une mince affaire. La situation reste préoccupante : seulement 18% des femmes siègent au Comex des start-up du French Tech Next 40 (1). Et le secteur de l’Adtech n’est pas épargné. Les femmes vont-elles encore être les grandes oubliées du numérique pour l’année à venir ? Acteurs de l’Adtech, n’avons-nous pas un rôle d’exemple à jouer ? Sommes-nous prêts à montrer l’exemple en matière de parité ?
Vers une meilleure représentation au sein des équipes dirigeantes
La féminisation des postes dirigeants avance, mais lentement. La réalité est telle que certaines femmes à des postes à responsabilité sont confrontées à un plafond de verre. Or, la parité est un levier de performance à ne pas négliger. Pour preuve, les entreprises aux instances de direction les plus féminisées ont des performances financières accrues de 6,5%. Par conséquent, une entreprise respectant la parité femmes hommes aurait tout à gagner.
Ainsi, pour davantage de représentativités à des hauts postes, il est nécessaire de favoriser l’émergence de rôles modèles. Les entreprises se doivent de mener des actions concrètes. Pour faire avancer les choses, elles doivent donner l’exemple pour susciter des aspirations. À l’instar de mouvements qui émergent au sein de certaines organisations - création de collectifs, promotion interne, mentorat… En dépit de ces initiatives, le chemin reste (encore) long avant d’atteindre la parité universelle. Et l’écosystème numérique, l’AdTech de surcroît, ne déroge pas à ces constats : très peu d’AdTechs françaises ont été lancées par des femmes. En revanche, du côté des agences et des annonces, la parité parmi les équipes semble davantage respectée. En témoignent les quelques nominations de femmes à des postes à haute responsabilité (directrice de la communication, CEO…). Devons-nous y voir un signal positif ? Les choses vont-elles enfin dans le bon sens ?
Des barrières dans les choix d’orientation et d’évolution professionnelle à briser
Alors bien sûr, la question de la parité ou de l’égalité femme homme dans les organisations est liée à un problème de fond : les femmes se heurtent à des barrières tout au long de leur vie, ce dès les bancs de l’école. Avant même l’entrée dans la vie active et professionnelle, force est de constater qu’il existe des disparités dans les choix d’orientation à l’issue même du cycle secondaire. Seules un tiers des lycéennes sont encouragées par leurs parents à s’orienter vers les métiers du numérique, contre une très large majorité des lycéens. Très souvent influencées par leur entourage, les perceptions négatives sur les métiers de la Tech l’emportent : jugés trop techniques pour près de la moitié des filles contre un tiers des garçons et les parents pensent que les capacités des filles à réussir des études et carrières dans l’informatique sont moins reconnues par les recruteurs (2). Conséquence : les étudiantes se dirigent peu vers des études Tech et numérique.
Un constat qui n’est pas sans incidence sur les profils actuellement représentés au sein des entreprises. Les équipes « tech » sont encore très masculines, et l’AdTech n’est pas épargnée. De fait, les femmes ne représentent même pas un tiers des emplois dans les professions numériques (développeur, data analyst…) (2)). Nous voyons donc que les barrières dressées dès l’école, subsistent tout au long de la carrière professionnelle des femmes. Il y a toujours des exceptions, certaines femmes vont connaître une évolution interne à des postes techniques dits « plus masculins », mais ces évolutions demeurent à la marge. Les stéréotypes sont encore trop présents et les biais de genre influencent trop souvent la carrière de certaines femmes. Et cela vaut pour la recherche de financements ! En 2021, un homme lève 1,6 fois plus de fonds et une femme 3,4 fois plus en s’alliant avec un homme plutôt qu’avec une femme (3). De quoi décourager celles qui voudraient se lancer.
Pour un changement durable, chaque entreprise doit travailler à éliminer les préjugés et soutenir les femmes dans l’AdTech. Il est temps de donner à toutes les femmes les moyens de s’épanouir professionnellement.
(1) Etude Sista et le BCG août 2024
(2) Enquête Epitech et Ipsos 2021
(3) Sista et BCG en 2022