L’ancien directeur général de Canal +, Rodolphe Belmer, va être nommé directeur général du groupe TF1 à la fin octobre avant d’en prendre les rênes en février, comme l’a révélé Le Point.
L'information a été confirmée par un communiqué du groupe TF1. Gilles Pélisson, l'actuel PDG depuis sept ans, précise que Rodolphe Belmer a accepté sa proposition de rejoindre le groupe. « Son parcours à la tête de plusieurs grands groupes français, leaders et internationaux, son expérience dans le secteur des médias et le streaming, constituent les meilleurs atouts pour relever les défis qui sont devant nous et conduire le développement du Groupe TF1 sur le long terme », déclare-t-il.
Après l’échec du projet de fusion TF1-M6, qui devait porter Nicolas de Tavernot à la tête de la nouvelle entreprise, le choix de l’actionnaire Martin Bouygues s’est donc porté vers l’ancien patron des programmes du groupe Canal +, qui a quitté cet été la direction générale d’Atos après avoir présenté, sur fond de tempête boursière et de désaccord avec son président, un plan de scission entre les activités de gérance informatique et celles, en plein essor, de cyber-sécurité. Il se trouvait donc disponible à la fin septembre.
Grand manitou des programmes
Directeur général délégué de Canal+ de 2003 à 2012, Rodolphe Belmer est surtout connu pour avoir été le grand patron des contenus de la chaîne cryptée, responsable de la naissance de ses programmes de création originale (Engrenages, Braquo, Le Bureau des légendes, Les Revenants, etc.), du renouveau du clair avec Le Grand Journal présenté par Michel Denisot et du développement de MyCanal. « Ces productions nous ont permis de créer de la valeur aux yeux de nos abonnés. Et de ne pas être uniquement distributeur mais aussi éditeur, ce qui permet de sécuriser la création. Je crois au modèle qui intègre distribution et édition » avait confié Rodolphe Belmer en octobre 2021, à l'occasion des 50 ans de Stratégies Il avait été nommé directeur général du groupe Canal+ en octobre 2012 et passait pour le successeur du Bertrand Meheut à la présidence du directoire du groupe, jusqu'à ce qu'il soit évincé en 2015 par Vincent Bolloré.
Il a égalément dirigé Eutelsat de la fin 2015 à la fin 2021, ce qui peut être utile à l'heure où 2 millions de foyers dans les zones blanches ne peuvent recevoir les chaînes de TF1 faute de reprise sur TNTSat (Canal+). Enfin, il était administrateur de Netflix depuis 2018, ce qui fait de lui un des plus grands experts du streaming. « Olivier Roussat [ PDG du groupe Bouygues], le connaît très bien », précise-t-on à TF1.
Rodolphe Belmer aura pour tâche de développer un modèle qui n'est plus exclusivement publicitaire, notamment grâce l'activité internationale dans la production (Newen), qui a permis de vendre dernièrement la série HPI à ABC. Il devrait notamment poursuivre la stratégie multichaînes de son prédécesseur, en veillant à la circulation des programmes, et renforcer les contenus payants sur abonnement via MyTF1 Max. Il devra aussi trancher sur la présence aux côtés de M6 de TF1 dans la plateforme de SVOD Salto, dont France Télévisions était censé se retirer pour laisser la place à une ensemble TF1-M6 fusionné. Des accord de distribution avec les opérateurs devront enfin veiller à bien valoriser les offres linéaires ou délinéarisées de TF1.
« Plan B »
Le choix de cette nomination semble une autre forme de réponse à Netflix et aux plateformes, après l'échec du projet de fusion. On peut penser que Rodolphe Belmer aura à coeur de développer les programmes et les contenus originaux du groupe TF1-Newen pour assurer ensuite leur distribution sur des plateformes. Il s'est contenté de déclarer dans un communiqué qu'il entend « répondre aux multiples enjeux du nouveau monde des médias et ouvrir au groupe TF1 de nouvelles perspectives de développement et de croissance à l’ère du digital. »
Sa nomination en tant que PDG de TF1 est prévue au début de l’année 2023, lorsque Gilles Pélisson deviendra lui-même directeur général adjoint du groupe Bouygues en charge des médias et du développement.
Rodolphe Belmer, qui arrivera à la fin octobre et retrouvera son ex-bras droit Ara Aprikian à la tête des programmes de TF1, incarne le « plan B» qu'avait esquissé en avril le directeur financier du groupe en cas d'échec de la fusion. « Gilles Pélisson deviendra ainsi président du conseil d’administration du groupe jusqu’à l’arrêté des comptes 2022, le 13 février 2023, date à laquelle Rodolphe Belmer serait proposé comme Président Directeur Général du groupe TF1 », précise un communiqué de TF1. La Bourse de Paris n'a toutefois pas salué cette nomination : le titre TF1 perdait 2,95% à la mi-journée pour un CAC 40 à -2,29%.
