La patronne de la station, qui multiplie les records d'audience, a étendu le territoire de la marque bien au-delà de celui d'une antenne. Dernière conquête : un événement avec Arte.
Pourquoi avoir créé le festival « Et maintenant ? » en novembre dernier ?
Avec Bruno Patino, qui dirige Arte, nous avons déterminé important de mener à bien des projets dont nous sommes la quintessence et les dépositaires. On est plus fort à deux. Nous avons fait le pari des chercheurs, des penseurs et des gens de culture autour d'un festival des idées de demain. Notre envie est de proposer un vivier de nouvelles solutions dans un monde qui peut apparaître en panne. Nous sommes persuadés que les jeunes générations attendent des propositions qui ne peuvent venir que du service public. Ils savent que les vieilles idées du vieux monde ne leur permettent pas d'aborder l'avenir.
À quoi s'appliquera la 2e édition des 21 et 22 octobre ?
Elle sera construite en trois temps et se tiendra dans le studio 104 de Radio France. Nous pratiquerons le débat inversé en partant des attentes de la salle, et y répondrons de nouvelles voix mais aussi de très prestigieuses comme le penseur du temps Armut Rosa, que nous avons sollicité. Nous proposonsons des avant-premières de documentaires télé et audio, dont ceux de Cyril Dion et François Taddeï qu'ils commenteront en direct. Il y aura des ateliers participatifs et un jeu de piste des idées dans Radio France. Parmi les sujets traités, les entrepreneurs innovants dans l'environnement, le sport en général et surtout la boxe, la résilience, l'intime et la jouissance.
Que diriez-vous à ceux à qui France Culture fait peur ?
Je leur dirai « Venez écouter ». Pour parodier un slogan célèbre, « L'essayer, c'est l'adopter ». Et les auditeurs de France Culture qui sont juste venus tendre l'oreille depuis deux ou trois ans sont restés.
Vous multipliez les records d'audience. Duquel êtes-vous la plus fière ?
Nous avons fait la démonstration que France Culture est une radio grand public et elle n'a ni plafond de verre, ni limite. Je suis fière que l'on ait démontré que la culture répond à un désir populaire. Elle n'est réservée à personne. Si l'on s'adresse à tous, le public est toujours plus nombreux à nous écouter. Quand je suis arrivé, en 2015, nous étions à 2,3 % de PDA. Quand nous avons atteint 2,4 points, on a fait une fête. Idem à 2,5 points et à 2,7 points. À chaque fois, nous ne pensions ne jamais pouvoir aller au-delà.
Et quel a été votre plus beau pari ?
Quand Mathieu Gallet m'a annoncé le départ de Marc Voinchet pour France Musique , en 2015, j'ai proposé instantanément Guillaume Erner pour « les matins de France Culture ». J'ai parié sur le charme de l'intelligence, de la connaissance et de la curiosité de ce journaliste, qui n'avait jamais été matinalier. Aujourd'hui, il réunit 714 000 auditeurs, soit +46 000 en un an et 2,8 % de PDA. C'est historique. Il symbolise la promesse éditoriale et la réussite de la chaîne.
Vous êtes producteurs d'événements dans les Festivals cet été, à commencer par celui d'Avignon et les Rencontres de Pétrarque. Est-ce important d'aller à la rencontre des auditeurs sur les territoires ?
Bien sûr, car c’est important d’étendre notre service public et d’être un des acteurs privilégié du monde de la culture. L’île de France ne représente que 22,5 % de notre auditoire, contrairement à une idée préconçue.
Adèle Van Reeth quitte « Les Chemins de la philosophie », votre émission la plus podcastée pour diriger France Inter. Laurence Bloch, Laure Adler, Augustin Trapenard, Nicolas Demorand ou Ali Baddou ont fait leurs débuts chez vous. Seriez-vous une mine de talents ?
Absolument, même si je veux bien en garder quelques-uns. Mais Patrick Cohen est aussi revenu chez nous pour prendre la tête de « L’Esprit public » et Jean Leymarie quitte franceinfo pour assurer notre « billet politique ».
Pourquoi avoir choisi Géraldine Muhlmann pour remplacer Adèle Van Reeth ?
Je cherchais une personnalité totalement légitime avec le goût de la transmission et qui sache très bien faire de la radio. Elle va apporter un nouveau souffle et sa personnalité. Elle consacrera sa première semaine d'antenne aux penseurs du pouvoir.
Quelles sont vos performances en matière de podcasts ?
Avec 40 millions de téléchargements par mois et dix de nos podcasts dans les 30 les plus écoutés en France, nous sommes la station la plus podcastée derrière France Inter. 40 % des écoutes sur la plateforme de Radio France sont des podcasts France Culture . Chez nous, le podcast est original puis il vit sur l'antenne. Nous sommes une radio qui s'écoute à la demande.
Après France Culture, de quoi aurez-vous envie ?
Sept ans, déjà ? Et pourtant, je ne considère jamais que j'ai fait la preuve de quoi que ce soit. Quand je serai grande, j'irai vers l'édition et je retournerai écrire des essais car je n'en ai pas le temps aujourd'hui.
