En plein festival du film d’animation d’Annecy, Unifrance a présenté son « plan de relance » visant à soutenir la vente de films et de séries à l’étranger.
Quels points communs entre Dix pour cent, HPI, Le Tour du monde en 80 jours et Ladybug ? Ce sont tous des cartons à l’international. L’animation, avec des ventes et préventes s’élevant à 125 millions d’euros en 2021, est le premier genre à s’exporter avec 38% des programmes vendus à l’étranger. La France occupe d’ailleurs la première place de l’animation en Europe et la troisième dans le monde derrière les États-Unis et le Japon. Avec 357 heures produites (+21% par rapport à 2020), les programmes animés français profitent d’écoles reconnues (Gobelins, Esma…), de talents internationaux, de studios d’excellence et du soutien d’un tissu audiovisuel, CNC et France Télévisions en tête.
Quel rôle vont jouer les plateformes dans cet écosystème ? Au festival d’Annecy, la semaine dernière, où Netflix comptait 50 personnes, la question était posée alors que Disney prive les salles de cinéma de son film Strange World, faute d’accord sur la chronologie des médias, et que l’investissement des géants du streaming se limite à la portion congrue dans les créations françaises d’animation (0,64% du CA chez Netflix, 0,56% pour Disney+). « On espérait un effet de levier plus important, explique Stéphane Le Bars, délégué général du syndicat AnimFrance, le danger c’est qu’ils utilisent la France comme un hub de fabrication pour des productions dont ils contrôlent la propriété intellectuelle. »
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En attendant, la filière de l’exportation de programmes français, qui totalise près de 350 millions d’euros, s’organise. Malgré des distributeurs affaiblis à l’étranger en raison du covid, Unifrance, qui a fusionné avec TV France International il y a un an, s’efforce de promouvoir nos créations. L’association, qui a reçu une dotation exceptionnelle de 3 millions d’euros du gouvernement en appui d’un budget de 14 millions, s’appuie sur ses bureaux (États-Unis, Chine, Japon), ses rendez-vous d’acheteurs (250 à Biarritz en septembre) ou encore MyfrenchFilmFestival, festival du cinéma francophone en ligne.
Début 2023, Unifrance entend devenir un « média généraliste » pour renforcer son soft power à travers une chaîne YouTube qui s’adressera autant aux professionnels qu’au grand public en suivant les artistes, les métiers et l’info économique. Des partenaires comme TV5 Monde pourraient trouver leur place sur une chaîne en langue anglaise, française et peut-être espagnole.
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« On est les premiers des non-alignés », rappelle Serge Toubiana, président d’Unifrance, qui insiste sur la « culture de l’exportation » d’une France en lien avec les autres pays européens et au contact du monde face à des plateformes mondialisées. Si les droits se complexifient entre diffusions linéaires et délinéarisées, certains succès se confirment à l’export comme HPI qui cumule 175 millions de vues dans 90 pays. Au cinéma, les films français ont attiré 17,5 millions d’entrées à l’étranger en 2021 et ils représentent le troisième catalogue derrière les États-Unis et l’Inde sur les plateformes de SVOD. En 2023, Asterix et Obélix, l’Empire du Milieu de Guillaume Canet et Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon tâcheront de porter loin ce cinéma.