Emmanuel Macron reçoit ce lundi 2 septembre Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, dont les noms sont cités avec insistance pour Matignon, ainsi que François Hollande et Nicolas Sarkozy dans le cadre d'ultimes consultations pour dénicher une personnalité qui ne soit pas aussitôt censurée par une majorité de députés.
Le dénouement approchet-il ? Reçu en premier à 8h45, Bernard Cazeneuve, l'ancien Premier ministre socialiste, fait désormais figure de favori pour revenir à Matignon même si rien n'est acté près de deux mois après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité. « Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays », a expliqué dimanche son entourage.
Emmanuel Macron, qui pourrait procéder à la nomination mardi, est à la recherche d'un Premier ministre qui puisse ne pas faire l'objet d'une censure immédiate à l'Assemblée nationale. C'est en avançant ce motif qu'il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du NFP, le Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives. Mais Emmanuel Macron veut aussi que le bloc central fasse partie de la future majorité. « Il faut inventer une 3ème forme de Ve Républiquen: ni coalition, ni cohabitation », selon son entourage.
Ministre de l'Intérieur pendant les attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande, Bernard Cazeneuve, 61 ans, a quitté le PS en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec LFI au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Cela pourrait lui valoir d'être soutenu par le bloc central tout en échappant à la censure de la droite et l'extrême droite. Et son arrivée à Matignon pourrait diviser les socialistes.
Gauche ou droite
« Bernard Cazeneuve n'est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays », a assuré dimanche le coordinateur de LFI Manuel Bompard qui a réaffirmé vouloir censurer « tout gouvernement autre que celui de Lucie Castets ».
Reçu à 11 heures, François Hollande ne devrait pas dissuader Emmanuel Macron de nommer Bernard Cazeneuve au contraire de Nicolas Sarkozy qui est attendu à 12h15. L'ancien président souhaite un « Premier ministre de droite » et juge que Xavier Bertrand serait « un bon choix ». Le président des Hauts-de-France, 59 ans, qui n'a pas caché que la fonction l'intéresserait, lui succèdera dans le bureau d'Emmanuel Macron. Mais ce tenant d'une droite gaulliste et sociale n'a pas l'appui des dirigeants des Républicains, Laurent Wauquiez en tête, qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Encore faut-il aussi qu'Emmanuel Macron et son futur Premier ministre s'accordent sur les modalités de leur entente qui ne doit pas être « une cohabitation de confrontation » mais une « co-responsabilité » selon le chef de file du Modem François Bayrou. « Une coalitation », ose-t-on dans l'entourage présidentiel en usant d'un néologisme qui mêle les mots cohabitation et coalition.
La réforme impopulaire sur la retraite à 64 ans fera notamment partie des sujets délicats à aborder alors qu'Emmanuel Macron redoute de voir détricoter son bilan. Pourquoi pas un « gel » de la réforme et de nouvelles discussions avec les syndicats, plutôt qu'une abrogation pure et simple, a avancé dimanche le député PS Jérôme Guedj. Le temps presse cependant pour un nouveau gouvernement car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.