Nommé depuis sept mois directeur délégué de CMI Media Régions, Pierre Moustrou veut développer l’offre digitale. Gros plan sur les défis d’une régie qui commercialise aussi les titres des groupes Le Monde, Lagardère et du Point.
Vous avez pris la direction déléguée de CMI Media Régions en août 2023. Avec quelle feuille de route ?
PIERRE MOUSTROU. Elle est assez simple : dynamiser cette cellule tant côté chiffre d’affaires que résultats financiers. Et cette nouvelle dynamique doit passer par l’apport de plus de digital. Nous nous y employons avec les 36 personnes de l’équipe, réparties sur neuf bureaux en région, dont les plus importants sont Marseille, Lyon et Paris avec cinq ou six personnes chacun.
Quels titres commercialisez-vous en régions ?
Tous ceux de CMI Media, soit Elle et ses déclinaisons, Télé 7 Jours, Femina, Marianne… mais aussi historiquement les titres du groupe Le Monde, dont Télérama, L’Obs, les titres de Lagardère, soit Paris Match et Le JDD, et l’hebdo Le Point. À ces marques print et digitales, s’ajoute la régie de sociétés d’ad tech dont le puissant hollandais Azerion et Dailymotion. Le dernier arrivé dans notre portefeuille digital est BeOp. Nous commercialisons environ 2 000 campagnes par an avec 1 000 clients. Les institutionnels sont en tête de nos annonceurs, devant le tourisme, l’industrie du vin, la déco et la santé. Contrairement aux régies nationales, le luxe et l’automobile sont peu présents chez nous.
Comptez-vous étoffer cette offre ?
Oui, avant la fin du premier semestre pour représenter des supports en région avec un accent digital et local. L’un d’eux est en signature.
Quelle est votre stratégie de commercialisation ?
Notre particularité est d’offrir les espaces publicitaires d’une trentaine de marques média en version print et digitale, les éditions nationales pour des annonceurs locaux, les cahiers régionaux et le digital géolocalisé mais aussi du brand content. Nos commerciaux sont donc des couteaux suisses. Ils proposent un éventail large de solutions, sans intermédiation puisque, contrairement au business parisien qui passe à 95 % par des agences médias, nous œuvrons en direct.
Quels sont les points forts de votre offre ?
Il y a la qualité éditoriale de nos marques, qui sont iconiques, du Monde à Elle en passant par Le Point ou L’Obs. À l’heure où le digital a pris des virages qui manquent de crédibilité éditoriale et ont épousé le Made for Ad (pensé pour valoriser la publicité), nous répondons aux enjeux de considération et d’image de marque en offrant des écrins à la qualité éditoriale. Cela nous démarque de la concurrence des Gafa notamment.
Et quels sont vos points de faiblesse ?
Nous sommes moins performants en ROI et en trafic. À nous d’apporter des solutions pour déclencher l’acte d’achat notamment sur le digital. Nous y travaillons. C’est d’ailleurs pour mon profil digital que j’ai été recruté. En 2023, le print représente 80 % de notre chiffre d’affaires, le digital 20 %. L’objectif est d’atteindre 25 % en 2024 et 30 % à l’horizon 2026.
Comment comptez-vous y parvenir ?
Je n’ai pas honte de le dire : la presse est morte, vive la presse ! Il faut se creuser la tête sur le marketing de l’offre et placer le curseur sur le canal de distribution du contenu. Trop peu de régies font des offres unifiées print et digital et c’est un tort.