Les Français n'ont pas «besoin de tuteurs de morale», a déclaré à Paris Match le ministre de l'Intérieur, en réaction à une récente décision du Conseil d'État qui a réclamé un contrôle renforcé de CNews.
« Les Français sont de grandes personnes, qui font leur choix eux-mêmes sans avoir besoin de tuteurs de morale », dit le ministre, dans une interview à Paris Match mise en ligne mercredi 21 février.
Le Conseil d'Etat a demandé le 13 février à l'Arcom, le régulateur des médias, de renforcer son contrôle de la chaîne d'information Cnews, dans le giron - comme Paris Match - du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
« Je ne commente pas les décisions de justice », ajoute le ministre, mais « de mon point de vue de citoyen, je pense qu'il n'est jamais bon que l'État ou qu'une puissance publique, quelle qu'elle soit, dise ce qu'il faut entendre à la télévision, à la radio ou lire dans un journal », poursuit Gérald Darmanin. « Si la pluralité des expressions, des opinions fait que si l'on n'est pas content de ce qui se passe à la télé, on change de chaîne », dit-il encore.
Le ministre de l'Intérieur, qui laisse planer le doute depuis plusieurs mois sur son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, fait cette semaine la Une de l'hebdomadaire Paris Match, où il pose avec sa femme et ses deux jeunes enfants.
RSF mobilise vingt avocats
De son côté, l'association Reporters sans frontières, à l'origine de la plainte contre CNews, a précisé mardi 20 février le sens de son action, en même temps qu'elle annoncait être soutenue par vingt avocats dans sa démarche.
Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF, a a notamment rappelé que la décision du Conseil d’État n’interdit aucune opinion. Mais « elle impose à l’Arcom de s’assurer de la diversité des courants de pensée et d’opinion sur toutes les antennes, et de l’indépendance de l’information.»
« Nous demandons que la loi soit appliquée, et qu’aucune chaîne ne puisse tricher en empêchant que des voix diverses s'expriment. L’Arcom doit s’assurer que CNews respecte des points de vue contradictoires et que l’information y est produite dans un cadre d’indépendance », déclare Christophe Deloire