Les technologies d’immersion sonore – son multicanal, quadriphonique, surround… - ou de son binaural, véritable « hologramme sonore », restent au stade exploratoire pour les radios. Mais le déploiement du Dolby Atmos dans les voitures haut de gamme et le futur développement du métavers devraient changer la donne. Un article également disponible en version audio.
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Le son peut-il participer à l’innovation de l’expérience d’écoute de la radio ? Le cinéma puis le home cinema ont popularisé le son multicanal, avant le son 3D. En 1982, Dolby lançait sa technologie Surround ; en 1993, le film Jurassic Park permettait de promouvoir le Digital Theater Sound (DTS) de Steven Spielberg et George Lucas. Mais le premier son multicanal, le Fantasound, s’est développé dès la fin des années 30, pour le film Fantasia de Walt Disney. Dans les décennies 1950 et 1960, les compositeurs Karlheinz Stockhausen, avec la Westdeutscher Rundfunk (WDR), une radio publique allemande, et Iannis Xenakis, mais aussi les Pink Floyd ont proposé des expériences sonores en son quadriphonique ou surround.
Aujourd’hui, depuis la généralisation des smartphones et de leurs écouteurs, les conditions sont réunies pour aller plus loin dans l’immersion sonore des auditeurs. « Cette bascule de l’écoute audio via le casque a permis le déploiement du son immersif ou binaural, car on sait désormais avec précision où se trouvent les haut-parleurs par rapport à l’auditeur », explique avec une pointe d’ironie Xavier Gibert, responsable de l’unité de production innovation de France Médias Monde.
Les radios publiques françaises sont particulièrement à la pointe de l’innovation sonore. « C’est un domaine de recherche très européo-français qui s’inscrit dans la lignée des travaux de Pierre Schaeffer et de l’Ircam », souligne le responsable de l’innovation de France Médias Monde. Ainsi, Radio France a lancé dès 2013 Nouvoson, un site consacré au son multicanal avec une restitution binaurale. FIP produit des concerts immersifs grâce à douze enceintes placées autour du public et rediffusés en son binaural en digital. Avec le son binaural, véritable « hologramme sonore », selon Xavier Gibert, « plus besoin de décrire l’environnement. Cela permet de casser les codes du théâtre à l’italienne du récit radio et modifie complètement la façon d’écrire les reportages audio ».
Produit de luxe
Pour autant, pourquoi ces technologies sont-elles encore peu exploitées par les radios privées ? « Le son binaural reste un produit de luxe, ce n’est pas grâce à cela que va se bâtir une audience ou un modèle économique », reconnaît Xavier Gibert. « La création sonore constitue un immense défi. Il existe tout un territoire, encore largement inexploré, où le son immersif peut sublimer les créations, notamment du côté des fictions », ajoute Marie Renoir-Couteau, présidente de la commission publicité du Bureau de la radio. « Pour les marques, le son immersif offre de nouvelles possibilités créatives : paysages sonores ou récits captivants afin d’améliorer les leviers d’efficacité publicitaire », poursuit-elle.
Le son immersif va lui-même bientôt explorer de nouveaux territoires. « Il va devenir pertinent de proposer du son immersif pour l’écoute en voiture », estime Xavier Gibert, les constructeurs équipant les véhicules haut de gamme en Dolby Atmos (soit jusqu’à une trentaine d’enceintes dans l’habitacle). Ces technologies « risquent d’exploser quand la réalité virtuelle et le métavers se déploieront réellement », pronostique-t-il.