A l’occasion du Festival de Cannes, dont il était partenaire, le groupe France Télévisions a fait le point sur sa stratégie en matière de cinéma. Les détails.
Dans le grand hall de France Télévisions, un tapis rouge, à la manière cannoise, se déploie sous les pas des visiteurs. Alors que le groupe public s’apprête, autour du 16 mai, à redéployer un dispositif média spécial pour le Festival dont il est partenaire pour la deuxième année consécutive, il a décidé de convier les journalistes pour faire le point sur sa stratégie dans ce domaine. « Ce partenariat avec Cannes est symboliquement la poutre maîtresse de l’engagement du groupe pour le cinéma », souligne Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes, le 10 mai. Un engagement qu’affirmait aussi, il y a quelques mois, Canal+, l’autre grand financeur du cinéma français, et qui demeure le premier en termes de chiffres. Le cinéma représente en effet 60 millions d'euros d’investissements par an pour France Télévisions, dans le cadre d’un budget marqué par une politique d’économies, contre quelque 200 millions pour le groupe filiale de Vivendi.
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France Télévisions, qui est en attente de son contrat d’objectifs et de moyens pour 2024-2027, ne modifiera pas sa politique cinéma avant que ce contrat ne soit établi. Il entend s’affirmer en soutien du 7e art de plusieurs manières. La diffusion de films sur ses antennes contribue à démultiplier les audiences de ces longs-métrages. A l’image de ce qui s’est produit pour Rebelles d’Allan Mauduit, avec Cécile de France et Yolande Moreau, ayant réuni 4 millions de téléspectateurs lors de la diffusion sur France 2, en plus des 900 000 entrées enregistrées en salles. Le groupe mobilise l’ensemble de ses chaînes au service des films. « Une nouveauté de 2023 : nous avons récemment modifié notre cahier des charges pour mieux faire circuler les films que nous coproduisons en associant France 5 et Culturebox », explique Manuel Alduy, directeur du cinéma au sein du groupe.
C’est ainsi par exemple que Le jeune Ahmed des frères Dardenne sera diffusé sur Culturebox, utilisée comme une « vitrine », pendant le Festival de Cannes. Une diffusion en clair de Drunk, succès de 2021, est également prévue. Cette présence des deux chaînes dans le dispositif permet également de mettre en avant des œuvres de cinéma indépendant qui n’auraient pas forcément leur place sur France 2 à une heure de grande écoute.
Le groupe s’engage également sur le volet production, avec ses filiales dédiées, France 2 Cinéma et France 3 Cinéma. « Nous recevons 350 scénarios par an à nous deux, expose Cécile Négrier, directrice de France 3 Cinéma, aux côtés de son homologue Valérie Boyer, de France 2 Cinéma. Nous en sélectionnons une trentaine chacune, soit 61 films financés au total en 2022 ». Soit moitié moins que Canal+, mais avec une ambition qui se veut différenciante pour le groupe de service public, orientée diversité et accessibilité au plus grand nombre.
Sur les films soutenus, 30 % sont réalisées par des femmes et 15 sont des premiers films. « Chez France 2 Cinéma, nous privilégions les propositions innovantes à même de faire l’événement et valorisons la place du féminin dans la production cinéma », indique Valérie Boyer, tandis que Cécile Négrier, pour France 3, « coproduit trois films d’animation par an ». Par ailleurs, concernant la chronologie des médias, le groupe espère pouvoir renégocier l’accord en vigueur actuellement et jusqu’à fin 2024, déplorant, notamment, le peu d’avancées obtenues lors de la dernière signature sur la fenêtre des télévisions gratuites.
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A moins d’une semaine de l’ouverture du Festival de Cannes (16-27 mai), France Télévisions, nouveau partenaire officiel depuis 2022, peaufine son projet. « Nous upgradons le dispositif de l’année dernière », confie Michel Field, directeur de la culture et du spectacle vivant chez France Télévisions. Ainsi, la couverture quotidienne du festival sera dédoublée, avec une quotidienne sur Culturebox et un focus dédié dans la deuxième partie de C à vous, sur France 5, qui sera axée Festival et diffusée depuis la Croisette. Sur Culturebox, ce sera une approche « à J+1 », complète le journaliste, pour évoquer d’autres moments que ceux couverts sur France 5 ou passant habituellement sous les radars (la montée des marches du film de 22 heures…).
Sans parler des programmes consacrés, au fil de l’année, à la thématique, avec des invités cinéma dans les JT de Laurent Delahousse, dans Quelle Epoque ! de Léa Salamé et Christophe Dechavanne le samedi soir ou dans Télématin, « avec un côté service, sur les sorties de la semaine, et un vrai pouvoir de prescription », rappelle Michel Field. Le tout sur France 2. Mise à l’antenne en janvier dernier sur cette même chaîne, le dimanche soir, Beau Geste, avec Pierre Lescure, entendait aborder le sujet sous un nouvel angle, s’éloignant des paillettes et plongeant les mains dans la fabrication du cinéma, les métiers, les choix de casting, etc. Rassemblant 500 000 téléspectateurs en moyenne, l’émission, conçue au départ comme un « porte-avions pour lancer l’escadrille de Cannes » et qui devait donc s’arrêter après quelques mois d’existence, sera finalement reconduite à la rentrée.