Figurant parmi les pionniers d’un marché devenu ultra-concurrentiel, la plateforme de streaming Filmo, spécialisée cinéma, a lancé sa première campagne publicitaire grand public afin d’augmenter sa notoriété.
Jusqu'à 20 % de trafic en plus sur son site. C’est ce qu’a observé Filmo, plateforme de streaming indépendante, portée par le distributeur Wild Bunch, à la suite d'une campagne de publicité (TV, radio, digital, affichage) qui s’achève ces jours-ci. Jamais l’entreprise, depuis sa naissance en 2008, n’avait mené une telle campagne. « De cette ampleur, et avec l’objectif de notoriété qui est le nôtre, c’est une première. Cela marque nos nouvelles ambitions », assure Estelle Bringer, directrice générale de la plateforme, comptant 17 collaborateurs secondés par un réseau d’une trentaine de journalistes et experts cinéma, et des « centaines de milliers » d’abonnés. Son chiffre d’affaires s’établit à 5,5 millions d’euros en 2022, soit une croissance de 10 % par rapport à 2021. Trois autres vagues de communication sont prévues dans les prochains mois.
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« Quand nous avons démarré, il n’y avait personne, nous étions seuls avec Canal+ à avoir investi le marché, puis Netflix est arrivé - une opportunité pour nous car cela a mis un coup de projecteur sur les usages », resitue Estelle Bringer. Progressivement, le marché s’est développé, concentré, partagé entre des mastodontes et des acteurs très spécialisés, la concurrence s’est tendue… D’où la nécessité d’affirmer et de tenir sa place. Filmo est orientée à 100 % cinéma, avec une sélection éditorialisée de films récents, sortis en salles (12 Years a Slave, Mommy…) présentés en festivals (Girl picture…), et de classiques (Taxi Driver, Psychose…). « Osez le cinéma », proclamait d’ailleurs sa campagne. De ce fait, il apparaît qu’elle joue dans la même cour que Canal+, avec des films moins récents (datant de 17 mois après la sortie en salles, contre 6 pour le groupe audiovisuel), mais, défend-elle, « davantage dans la diversité des cinémas ». « Nous nous voulons plus ouverts que des plateformes comme MK2 Curiosity ou LaCinetek, nous visons moins des cinéphiles que des amoureux du cinéma au sens large, à travers toutes les générations », précise la directrice générale. Son modèle économique repose sur la vente à la carte (location ou achat) et l’abonnement (6,99 euros par mois). Accessible en direct, la plateforme mise aussi sur un réseau de distribution étoffé, en étant présente sur les box des opérateurs, Prime Video, Molotov ou encore les TV et appareils connectés.
La campagne n’est que la partie la plus saillante du dispositif mis en place pour augmenter sa notoriété. Tout en renforçant sa politique de partenariats avec des festivals (Sofilm Summercamp, Films de Femmes…), lancée l’année dernière, elle a mis en place, début 2023, des projections cinéma à destination des cinéphiles. La prochaine en date, en mai, mettra à l’honneur Swiss Army Man, le premier film des Daniels, réalisateurs du multi-oscarisé Everything Everywhere All at Once. En parallèle, elle travaille à de nouveaux formats, plus adaptés pour les réseaux sociaux, notamment pour séduire une cible plus jeune. En témoignent ses nouvelles « cartes blanches », où une personnalité partage des conseils de visionnage. Filmo TV devait lancer en mai son premier podcast. Actuellement centrée sur le marché français, elle compte au second semestre s’ouvrir aux pays francophones que sont la Suisse et la Belgique.
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