Après la radio NPR aux Etats-Unis, le groupe de médias public canadien a décidé de suspendre ses activités sur Twitter. En cause, la décision de la plateforme d'Elon Musk de lui accoler l'étiquette de «média financé par le gouvernement».
Le groupe de médias public CBC/Radio-Canada a annoncé le 17 avril sa décision de « suspendre » ses activités sur Twitter après la décision de la plateforme d'Elon Musk de lui accoler l'étiquette de « média financé par le gouvernement ». « En mettant ainsi en doute notre indépendance au moyen de cette étiquette mensongère visant à tromper le public, ce réseau remet en question l'exactitude et le professionnalisme du travail effectué par nos journalistes », a déclaré le groupe dans un communiqué.
« Notre journalisme est impartial et indépendant. Prétendre le contraire est faux », a ajouté le groupe qui rappelle que son « indépendance éditoriale » est protégée par loi, et qu'il est « financé par des fonds publics au moyen d'un crédit parlementaire voté par tous les députés ». Le groupe a encouragé les Canadiens à les suivre sur d'autres réseaux sociaux.
La semaine passée, le leader conservateur Pierre Poilievre avait écrit à Elon Musk pour lui demander d'apposer cette étiquette sur le groupe public. « Maintenant, les gens savent que c'est de la propagande Trudeau, pas des nouvelles », s'est-il réjoui sur Twitter après l'annonce. En réponse, le Premier ministre Justin Trudeau a rappelé l'indépendance des médias et fustigé l'attitude de ses adversaires. « Le Parti conservateur a choisi de s'attaquer à une institution importante pour bien des Canadiens, et a choisi de le faire en allant voir des milliardaires des géants du web aux Etats-Unis », a-t-il déploré.
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Le 12 avril, la radio publique américaine NPR était devenue le premier grand média à quitter Twitter pour protester contre les nouvelles politiques du réseau. Ces départs de grands médias de la plateforme Twitter interviennent sur fond de mise en place d'une nouvelle politique de certification controversée, le réseau accordant à partir du 20 avril sa célèbre coche bleue à ceux qui paieront pour s'en prévaloir. Début avril, elle a ainsi retiré cette coche au compte principal du New York Times (55 millions d'abonnés), dans un autre geste de défiance à l'égard d'un média respecté mais considéré comme trop à gauche par une partie des conservateurs.
L'entrepreneur milliardaire fait volontiers preuve de mépris envers les médias. Ces derniers temps, les questions de la presse au service de communication de Twitter se voient renvoyer en email automatique, un émoticône en forme d'étron. Depuis qu'il a racheté la firme à l'oiseau bleu, Elon Musk a assoupli la modération des contenus sur le réseau, laissant revenir de nombreux utilisateurs bannis à cause de messages incitant à la haine ou relevant de la désinformation. Il a aussi licencié à tour de bras, faisant passer les effectifs du groupe de 7 500 à moins de 2 000 employés.