Des producteurs de l'audiovisuel français se sont inquiétés ce lundi 31 janvier 2022 devant le Sénat de la fusion entre TF1 et M6, l'un d'eux craignant la formation d'«un vrai duopole» privé-public au détriment de la diversité de la création.
Une commission d'enquête du Sénat, chargée de faire la lumière sur les conséquences de la concentration croissante dans les médias, auditionnait trois dirigeants de sociétés de production. Parmi eux Stéphane Courbit, qui préside le géant Banijay (Koh Lanta, Les Marseillais, Versailles...), et qui compte le groupe Vivendi parmi ses actionnaires minoritaires.
«Si jamais la fusion TF1-M6 se faisait, on aurait un vrai duopole», a affirmé l'entrepreneur français, avec «le service public» d'un côté, et de l'autre, «dans le secteur privé, un seul groupe, TF1-M6, qui représenterait 90 % des achats de programmes». Et de résumer ses craintes: «A partir du moment où vous n'avez plus qu'un client, c'est lui qui va fixer le prix.»
Pour Pascal Breton, président de Federation Entertainment (Le Bureau des légendes, Marseille, En thérapie...), «tout ira bien» si les producteurs négocient avec les deux chaînes avant leur fusion. «On pourra trouver un accord qui soit un accord de respect sur, bien entendu, les droits et essentiellement les mandats de distribution, puisque le très grand risque c'est qu'on soit tout petit face à un monstre qui dit "moi j'impose de garder la totalité des droits".»
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A la tête de Mediawan (qui produit notamment la série Dix pour cent), Pierre-Antoine Capton a lui souligné que les diffuseurs étaient les «premiers partenaires» des sociétés de production. «Nous ne pouvons que nous réjouir de leur bonne santé économique et de leur dynamisme», a insisté le président du groupe co-fondé par Matthieu Pigasse et Xavier Niel.
Mais il a émis des réserves similaires à celles de ses collègues, en affirmant qu'«il est essentiel de continuer à préserver la vitalité et la diversité de la création et que les mouvements de concentration en cours ne se fassent pas au détriment de cet intérêt».
Auditionnés le lundi 24 janvier par les sénateurs, les dirigeants de l'audiovisuel public français avaient de leur côté estimé que le projet ne constituait pas une menace pour le service public. «Si TF1 et M6 pensent devoir fusionner pour rester en bonne santé, c'est important qu'ils le fassen», avait affirmé Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions.