Le 7 avril, les grands patrons de l’audiovisuel français participaient à une matinée du Syndicat nationale de publicité télévisée (SNPTV) sur l’avenir du média. Quels enseignements en tirer ?
Comment inventer la télévision de demain face à la concurrence des plateformes ? Voilà ce que s’est demandé le SNPTV, syndicat national de la publicité télévisée, lors d’une matinée qu’il a organisée le 7 avril avec les acteurs de l’écosystème, les chaînes, les agences, les annonceurs. Une première du genre. La matinée a été ouverte par une table ronde ayant réuni les grands patrons de l’audiovisuel français. « Quel que soit l’avenir [de la télévision], il faut qu’on soit prêts », a estimé Maxime Saada, président du directoire de Canal+, qui a une stratégie d'agilité pêrmanente face à l'évolution du payasage audiovisuel à l'heure des plateformes.
Pour cela, le patron de Canal+ a organisé la réduction de la dépendance de son groupe. Auparavant « dépendant » de la Ligue 1 de foot, il a diversifié ses contenus sportifs, tout comme il s’ouvre désormais plus que jamais à l’international, au lieu de rester polarisé sur la France. En témoignent les accords passés avec l’ensemble des grands studios américains pour le cinéma. Canal+ viserait aussi « une opération » d'acquisition en Asie. Il s'agit de passer de 26 millions d'abonnés à « 50 à 100 millions à moyen terme ». Le groupe est déjà premier actionnaire du bouquet sud-africain Multichoice, fort de 25 millions d'abonnés.
De son côté, Rodolphe Belmer, PDG de TF1, a réitéré son projet stratégique autour du digital. « Nous souhaitons devenir l’offre de streaming gratuite de référence » avec une plateforme technologique en conséquence, indique-t-il. Côté éditorial, le groupe entend être un « creuset de la culture populaire française », ce qui passera par « créer de grandes franchises » de programmes, selon le dirigeant.
Consolidations
Malgré l’abandon de la fusion entre TF1 et M6, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, croit toujours, quant à lui, aux dynamiques de rapprochement. « Il y aura des consolidations », assure-t-il, dans un horizon de peut-être cinq ans. « Pour Delphine Ernotte, il n’y a qu’une seule stratégie gagnante : l’alliance », souligne Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, en prenant pour preuve ce qui a été fait pour l’information en région et avec Franceinfo.
Au-delà, les dirigeants se sont également exprimés sur la nécessité pour la télévision de cibler les jeunes. « Il y a aussi un enjeu sur ceux qui font les programmes : la moyenne d’âge de nos 800 journalistes est de moins de 35 ans », note Arthur Dreyfuss, PDG d’Altice France (BFMTV et RMC). Le numéro 2 de France Télévisions a insisté sur l'impact et l'attribution sur les réseaux sociaux qui peuvent compléter l'audience. Rodolphe Belmer rappelle toutefois que « 97% des 15-24 ans regarde la télévision au moins une fois par semaine ». C'est donc moins une question de reach que de récurrence de la consommation des programmes TV.