Télécoms

Des voitures autonomes, aux frigos connectés en passant par une réalité immersive à couper le souffle: la 5G devait révolutionner les usages mobiles, mais des consommateurs aux entreprises, le réseau de dernière génération « a déçu à peu près tout le monde », selon des experts.

Au coeur des sujets de conversation du rassemblement annuel de l'industrie de la téléphonie mobile de Barcelone (MWC), la 5G est présentée par les organisateurs de l'événement comme un réseau capable de redéfinir « la façon dont le monde se connecte ». En réalité, « la 5G a déçu à peu près tout le monde -- les fournisseurs de services et les consommateurs, et elle n'a pas réussi à enthousiasmer les entreprises », estime Dario Talmesio, directeur de recherche au sein du cabinet spécialisé Omdia, interrogé par l'AFP.

Des milliers de consommateurs américains ont répondu à une enquête menée l'année dernière, clamant qu'ils étaient enthousiasmés par la perspective de la 5G. Mais une fois interrogés, ils n'avaient qu'une vague idée des avantages qu'ils en retireraient. La plupart d'entre eux avaient même énuméré des services qui étaient déjà disponibles avec le réseau 4G, selon l'enquête menée par la société israélienne de logiciels ironSource.

Lire aussi : Orange présente un plan stratégique visant un recentrage sur les métiers du groupe

Annoncée comme le catalyseur de la prochaine « révolution industrielle » depuis son lancement en 2020, la 5G promettait de bouleverser des pans entiers de l'économie avec de nouveaux usages, comme la maintenance prédictive, qui doit permettre de réduire les pannes ou la réalité augmentée, censés permettre l'avènement de « l'industrie 4.0 ». Comment ? Grâce à son faible délai de transmission des données, un débit multiplié par dix, mais aussi une sécurité décuplée avec des réseaux privés, permettant de conserver les données au sein de l'entreprise.

« Les investissements massifs dans les réseaux, de près de 600 milliards d'euros en Europe au cours de la dernière décennie, sont difficiles à monétiser », a prévenu lundi Christel Heydemann, patronne de l'opérateur français Orange, à Barcelone. Pour une grande partie du secteur, la critique de la 5G est cependant inconcevable. Le vice-président d'Ericsson, Fredrik Jejdling, a rejeté le 28 février l'idée que la faible adoption de la 5G était l'une des raisons des licenciements massifs, 8.500 emplois dans le monde, annoncés le 25 février dernier. « Il s'agit d'une plateforme pour l'innovation. Si vous ne le faites pas, vous ne savez pas ce que vous ratez », a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu'il n'y aurait aucun compromis en matière de recherche et de développement de la 5G.

Lire aussi : Verizon vend 5 milliards sa division médias

Frédérique Liaigre, qui dirige les opérations commerciales de Verizon en France et dans d'autres pays européens, partage l'enthousiasme du dirigeant d'Ericsson en affirmant que le potentiel de la 5G n'a « aucune limite ». Si Verizon a été l'un des premiers à déployer la 5G auprès de ses clients aux États-Unis, Mme Liaigre admet que l'aspect commercial ne fait que commencer avec des projets en ligne de mire comme la fourniture d'un réseau 5G privé au port de Southampton en Grande-Bretagne pour améliorer sa sécurité et la gestion de sa chaîne d'approvisionnement. « Les capacités de transformation de cette technologie sont vraiment étonnantes », a-t-elle déclaré.

Après un premier lancement d'antennes 5G à partir d'infrastructures 4G (dite « non stand alone ») en 2020, la deuxième phase de déploiement de la 5G par les opérateurs devrait permettre au réseau de délivrer leur pleine mesure une fois qu'elles seront sur une infrastructure réseau 100% 5G (dite « stand alone ») courant 2023.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :