Initiée il y a moins de trois ans, Territoires TV permet à six groupes de la presse quotidienne régionale de se valoriser aussi au niveau national. Les grands annonceurs répondent présent.
Contre la réforme des retraites, les manifestations ne se déroulent pas seulement à Paris. C’est ce que montrait, entre autres, l’émission Extra local, diffusée vendredi 10 février en fin de journée sur Public Sénat. Le programme était aussi et surtout au menu d’antennes locales comme TV7, chaîne de télévision du groupe Sud Ouest, TV Tours-Val de Loire (groupe La Nouvelle République), Tébéo et Tébésud en Bretagne (groupe Télégramme) ou Wéo dans les Hauts-de-France (groupe Rossel). Derrière cette multiple diffusion : Territoires TV. « Comme pour Diverto [nouveau média sur le divertissement] et 366 [régie publicitaire], quand les acteurs de la PQR se mettent ensemble, celle-ci a une force inouïe », défend Nicolas Sterckx, directeur général du groupe Sud Ouest.
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Lancée fin 2020, cette structure de production et d’édition audiovisuelle, fruit de l’alliance de six groupes de presse quotidienne régionale (La Nouvelle République du Centre-Ouest, Le Télégramme, Rossel et Sud Ouest, rejoints par Centre France et Ebra), permet à chacun des actionnaires d’enrichir son offre en construisant des contenus communs. Diffusés de façon simultanée au niveau national, les programmes sont monétisés en s’appuyant sur une régie, elle aussi conjointe, née en 2021, 366#TV. En lien avec des indépendants locaux et des journalistes des médias concernés, Territoires TV développe ainsi deux émissions, Extra local et La Santé d’abord, sponsorisée par le groupe de mutuelles VYV. Ces programmes se regardent sur 18 chaînes locales et sur davantage encore de plateformes numériques. Des séquences sont aussi mises en ligne sur les réseaux sociaux.
Le modèle économique repose sur le sponsoring de programmes ainsi que sur la publicité et le brand content. Appuyée sur la force de vente de 366, la régie commune travaille en complémentarité avec les régies locales : elle vise les annonceurs nationaux là où les secondes ciblent les marques locales. « Ces annonceurs sont issus de tous les secteurs : distribution, automobile, sport, alimentation, e-commerce… détaille Bruno Ricard, directeur général adjoint marketing, communication et études de 366. En termes de composition, notre portefeuille est comparable à celui de TF1 ou M6. Ces clients nous intègrent dans leurs plans car ils sont séduits par les valeurs du local. » En 2022, le chiffre d’affaires de Territoires TV reposait à 50 % sur la TV linéaire, à 23 % sur les opérations spéciales (incluant le sponsoring) et à 27 % sur la vidéo, contre respectivement 80 %, 2 % et 18 % un an plus tôt. C’est dire l’ampleur prise par le sujet. Une campagne peut se lancer avec 10 000 euros.
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Territoires TV ne manque pas de chantiers pour 2023. La structure finalise une émission autour des animaux de compagnie pour la fin du premier trimestre. Également dans les tuyaux, des programmes sur les « initiatives positives des territoires » et sur le sport et les territoires, dans la perspective des JO de 2024. « Nous réfléchissons à l’agrégation digitale de l’ensemble des contenus thématiques. 2000 vidéos sont produites par semaine par cet écosystème », complète Gilles Camouilly, directeur général délégué de Territoires TV. Côté régie, le développement d’un nouvel outil de médiaplanning est en cours.