Les deux candidats à une autorisation d'émettre de dix ans sur le Canal 6 ont présenté leurs arguments devant le régulateur mercredi 14 février. L'un vise une profonde remise à plat. L'autre la reconduction en défendant son bilan.
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« On pense qu’on peut faire autrement et mieux », a assuré Xavier Niel devant l’Arcom, en présentant sa candidature, mercredi 14 février, pour la fréquence de M6 avec son projet « Six ». Promettant « des investissements beaucoup plus importants dans la création et l’information », le patron fondateur de Free a promis de « faire passer le gens avant l’argent ». Il prévoit de recruter 623 postes, dont 120 à la publicité et 200 journalistes.
Le groupe assure vouloir moins de publicité, plus d'info avec deux grandes tranches de 90 minutes à midi et le soir et « plus de création française originale en prime time », via deux soirées par semaine, avec des programmes inédits, les premières parties de soirée devant commencer avant 21H00. Xavier Niel, qui était notamment accompagné de Maxime Lombardini et Olivier Abecassis, assure qu’il dispose de 3 milliards d’euros de cash et qu’il est prêt à supporter 600 millions d’euros de pertes sur quatre ans. Il prévoit d'investir 70 millions d'euros dans la création originale, 60 millions dans les programmes de flux, 25 millions dans le cinéma et 19 millions dans la musique.
Fustigeant un côté « rond de serviette automatique » dans le renouvellement des autorisations d'émettre et le fait que la distribution des chaînes coûte cher à Free, l'homme d'affaires a tenté de convaincre qu'il était l'homme de la situation pour sortir le téléspectateur des tunnels publicitaires avec une publicité ciblée plus qualitative. Il entend « piller » à la fois l'audience et la pub des réseaux sociaux pour la ramener vers sa nouvelle chaîne. Et laisse entendre qu'il veut se passer des recettes des distributeurs afin qu'elle soit diffusée le plus largement possible.
Grande plateforme AVOD
De son côté, Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, a insisté sur le fait que la TNT était « l’assurance vie » de la chaîne, qui était sinon entre les mains des distributeurs. Il a insisté sur le fait que M6 avait tenu ses engagements depuis 36 ans alors qu'une chaîne comme Numéro 23, soutenue par Xavier Niel, n'existait plus. Il a rappelé que 25 millions de Français regardaient M6 dont 10 millions n'ont pas d'autre possibilité pour la recevoir que la TNT.
Pointant le fait que « Free ne veut pas faire de publicité ciblée », il a saisi l’exemple de son projet de feuilleton quotidien pour expliquer qu’il s’agissait de favoriser ce type de programmes dont la motié de l’audience se fait en streaming. L’idée est donc de développer une grande plateforme AVOD avec l’accès à de la data qui valorise mieux le contact sur le plan publicitaire. « On va mettre la moitié de notre programmation en preview », a-t-il déclaré.
M6 a aussi annoncé une politique de documentaires en prime time, une émission consacrée à la variété musicale en première partie de soirée, et une option pour rejoindre un engagement de 12,5% du chiffre d’affaires consacrée aux œuvres patrimoniales sur toutes les chaînes du groupe, selon un régime souple et non pas « unique ». « On ne nous embarquera pas pour faire la même chose que nos compétiteurs », a déclaré Nicolas de Tavernost.
Parmi les projets du groupe, M6 a aussi annoncé une « plateforme d'échange avec un mediateur de l'info » baptisée M6 Info et vous qui sera un espace dédié consacré au décryptage de l'information. Nicolas de tavernost a d'ailleurs précisé qu'il étudiait l'idée d'une formation aux médias assurée par le groupe et qu'il y aurait dans les dix prochaines années « très certainement » un talk show sur sa chaîne.