Depuis un an, les antennes ont mobilisé leurs équipes de reportage pour assurer la couverture sonore du conflit, en s'appuyant parfois sur leur groupe. RFI a créé une rédaction ukrainienne décentralisée à Bucarest.
« Comment raconter une guerre, un événement sale par définition, avec ses atrocités et son carnage humain, mais aussi avec ses nuances en explorant les zones grises, sans laisser la parole à la communication et à la propagande des belligérants et donc sans être leurs complices ? » s’interroge Éric Valmir, secrétaire général de l’information à Radio France. Lui-même a couvert les guerres en Afghanistan et en Irak. Dès le 24 février 2022, la maison ronde a dépêché quatre équipes (avec un fixeur, un journaliste et un technicien). Chacune y est restée trois semaines.
En un an, le reporter Omar Ouahmane y est parti cinq fois, un record. « Notre première difficulté ? Nos volontaires trentenaires n’avaient jamais couvert de conflits », explique-t-il Éric Valmir. Chaque postulant a fait un stage de huit jours dans l’Oise pour s’aguerrir, sous la houlette de France Médias Monde, expert en la matière. À leur retour d’Ukraine, chacun s’est vu imposer un entretien d’une heure avec un praticien. « Je sais à quel point des scènes peuvent se loger dans l’inconscient. Voir des cadavres déchiquetés par des chiens n’est pas innocent », poursuit Éric Valmir. La guerre s’enlisant, le dispositif a été revu à une seule équipe installée à Kiev pour deux mois. Mais pour le 24 février, soit un an après l'invasion, les antennes vont multiplier les sujets et les directs depuis Kiev.
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Sur RTL, les budgets étant plus serrés, une présence journalistique a été assurée sur place pendant deux mois, mais il y a eu de nombreux sujets sur l’Europe de l’Est. Le grand reporter Émilie Baujard, qui a déjà couvert la guerre en Syrie vient de repartir en Ukraine, accompagnée de deux journalistes de M6. Durant la semaine du 20 février, elle proposera trois reportages et directs dans la matinale. « Les journalistes de M6 interviendront aussi sur notre antenne », détaille Frank Moulin, directeur de la rédaction et de l’information. « Concernant la sécurité, nous nous coordonnons avec une société spécialisée dans ces sujets de protection. Elle nous aide à évaluer les situations et prendre les bonnes décisions pour savoir où aller notamment », explique-t-il.
Cécile Mégie, directrice de RFI, souligne que dès le 24 février 2022, des émissions ont pu être diffusées sur le sol ukrainien depuis Kiev. Outre les correspondants permanents à Kiev et à Moscou, des volontaires toujours en binôme et formés aux zones de guerre ont été dépêchés à Odessa, Zaporijjia, Kharkiv. Chacun restait une quinzaine de jours sur place. « Nous nous coordonnons aussi avec France 24, pour que nos correspondants interviennent sur les deux antennes », précise-t-elle. Mais RFI a surtout créé dès le mois de mai dans sa filiale RFI Romania, à Bucarest, un hub, nourri par les productions d’une quinzaine de journalistes ukrainiens recrutés en CDD. Toutes les rédactions du groupe peuvent y puiser et y échanger du contenu, textes et images. « Ils produisent images, textes, et sons en ukrainien pour le numérique et les réseaux sociaux, détaille Cécile Mégie. Et Canal France International, notre filiale de développement média nous a permis de créer une structure à visée humanitaire pour accueillir ces journalistes en exil et leurs familles ».
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