Après la presse et la TV, la radio a vu ses habitudes d’écoutes bouleversées par les technologies numériques. Les diffuseurs se sont adaptés en investissant de nouveaux supports avec du contenu dédié, mais surtout, ils ont su se fédérer pour proposer une plateforme commune, enjeu majeur pour le DAB+. Un article également disponible en version audio.
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Longtemps épargnée par les bouleversements numériques qui impactaient les autres médias, la radio s’est convertie plus récemment aux technologies digitales. Depuis la généralisation du smartphone qui fait office de baladeur numérique, les acteurs de la radio ont mis à la disposition du public leurs émissions en rediffusion et, petit à petit, l’écoute des programmes en différé s’est imposée.
« La progression de l’écoute de la radio sur supports numériques est portée par l’écoute sur téléphone mobile, premier support numérique », note Médiamétrie. Il est donc stratégique pour les groupes radio de disposer d’une application mobile performante et évolutive. Alors que celle de Radio France s’enrichit au fur et à mesure, l’appli du groupe NRJ va faire peau neuve prochainement afin de favoriser la « découvrabilité entre les formats et les marques », dévoile Gaël Sanquer, directeur délégué des médias musicaux du groupe NRJ. Celle-ci sera, par exemple, dotée d’une fonctionnalité permettant de recommander des programmes.
Les principaux acteurs de la radio se sont aussi associés début 2021 au sein de Radioplayer(1) pour proposer une plateforme d’écoute commune qui regroupe 245 radios, 700 webradios et 200 000 podcasts. « Outre l’accessibilité, Radioplayer répond à une question de souveraineté : il n’était pas logique de laisser la diffusion sur internet à des agrégateurs qui ne versent rien aux artistes et gardent les données pour eux », explique son président, Jean-Eric Valli.
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Internet permet d’offrir une (quasi) infinité de programmes thématiques via les radios en ligne. « NRJ a été pionnier des webradios dès 2006 », rappelle Gaël Sanquer. Aujourd’hui, son groupe propose 250 radios digitales, déclinaisons de NRJ par style musical ou par activité. « Les radios digitales constituent un véritable laboratoire qui permet de tester des playlists », se réjouit-il. Chez d’autres, le recours aux webradios est plus modéré ; Europe 1 a ainsi lancé fin 2020 Radio Hondelatte. « Les webradios, ce n’est pas le game changer attendu », estime Pierre-Emmanuel Ferrand, directeur du digital de Lagardère news.
Lors des confinements, l’écoute des podcasts s’est développée fortement, incitant les acteurs de la radio à prendre pied sur ce marché. Europe 1 est l’une des premières radios à se doter dès 2018 d’un studio de production de podcasts, qui a produit, depuis, une cinquantaine de programmes, dont Hondelatte raconte, troisième podcast le plus écouté, selon les chiffres de Médiamétrie de novembre 2022. À NRJ, un partenariat avec l’américain iHeartMedia a été privilégié pour développer l’offre de programmes à télécharger.
Dernière évolution en date, le numérique hertzien ou DAB+. Outre une meilleure qualité de diffusion, cette technologie intéresse tout particulièrement les diffuseurs pour améliorer leur couverture. « Depuis les débuts de la FM, la carte de France de la radio est couverte de trous, regrette Ghislain Thomas, directeur de la stratégie digitale de RTL. Le DAB+ va permettre de réparer cela. »
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