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Auditionnés par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration, les présidents des groupes France Télévisions, Radio France et Arte France ne s’opposent pas au projet de fusion entre les deux groupes privés. La menace repose davantage, selon eux, sur les géants du streaming.

Le projet de fusion entre TF1 et M6 ne constitue pas une menace pour le service public, selon les dirigeants de l'audiovisuel public auditionnés lundi par le Sénat, ceux-ci appelant plutôt à renforcer l'audiovisuel français face à l'emprise financière des géants du streaming. « Si TF1 et M6 pensent devoir fusionner pour rester en bonne santé, c'est important qu'ils le fassent », a affirmé Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, devant la commission d'enquête sénatoriale dédiée à la concentration des médias en France.

« On doit défendre le média télévision dans un monde où l'offre de médias est beaucoup plus large », a-t-elle argué, évoquant le peu d'acteurs présents sur le marché de la télévision française, réparti entre le service public, représenté par France Télévisions, et « quelques groupes privés » dont « les plus importants sont TF1 et M6 ».

En 2021, le groupe France Télévisions (France 2, France 3, France 5, France 4, franceinfo) a enregistré une part d'audience de 28,9% et la chaîne publique franco-allemande Arte de 2,9%. En face, la part d'audience du groupe TF1 (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries films, LCI) a atteint 37,7% et celle du groupe M6 (M6, W9, 6ter, Gulli) 14,3%.

Pour pouvoir mener à bien leur projet de fusion, TF1 et M6 devront vendre plusieurs de leurs chaînes ou céder une fréquence de TNT pour rentrer dans les clous de la réglementation selon laquelle un groupe peut détenir 7 chaînes au maximum.« On a besoin d'avoir des concurrents privés en bonne santé, parce que si demain on avait des offres privées qui se délitaient (...) c'est tout le média télé qui tomberait et nous avec », a estimé la dirigeante. Delphine Ernotte a toutefois rappelé la nécessité de « garde-fous » pour éviter tout effet « d'éviction » des autres acteurs tant sur les droits sportifs que la publicité.

Lire aussi : Fusion TF1-M6, le pour et le contre

« Ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui, nos principaux concurrents, ce sont les acteurs du streaming », comme Spotify, a ajouté Sibyle le Veil, PDG de Radio France, qui domine les audiences radiophoniques en France. Avec « les autres acteurs privés, (...) nous faisons face aux mêmes défis », notamment au « risque de disruption » qui « fait que les Gafa s'interposent entre nous et notre public », a-t-elle exposé.

Bruno Patino, président du directoire d'Arte France, a pour sa part déclaré ne pas voir « véritablement de conséquences assez lourdes » à une fusion TF1-M6 tant que sont fixées des « règles ». Ce dernier a aussi évoqué « une asymétrie qui pèse » au quotidien en faveur des plateformes américaines.

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