Audiovisuel
Radio France et France Télévisions travaillent à la mise en place pour mars 2022 d’un média digital sur l'info de proximité rassemblant au même endroit les contenus de France Bleu et France 3. Une nouvelle étape dans une stratégie de coopération déjà rodée.

France 3 et France Bleu n’ont plus besoin de prouver leur attachement à l'info de proximité. En revanche, ces deux réseaux sont attendus au tournant sur le projet porté par leurs maisons mères, France Télévisions et Radio France. À savoir un grand média numérique de la vie locale annoncé pour mars 2022, qui se déclinera sous la forme d’un site, de sites mobiles et d’une application, afin, selon un communiqué du 9 novembre, d’«offrir à tous les Français un service public ancré dans les territoires au plus près de la vie locale ». L’idée ? Qu’un utilisateur puisse retrouver au même endroit, avec une porte d’entrée locale ou bien en fonction d’un centre d’intérêt, tous les contenus produits par les deux réseaux sur le sujet (articles, vidéos, podcasts...). Le projet est toutefois contesté par les SNJ des deux groupes, qui s'interrogent par exemple sur les futures conditions de travail offertes aux salariés.

Échanges constants entre rédactions

« Dès 2018, Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions, avait mentionné dans ses ambitions stratégiques son souhait d’une grande offre numérique de proximité, note Philippe Martinetti, directeur du réseau France 3. Les échanges sont constants entre nos deux rédactions. Cette offre va permettre de renforcer notre présence sur l’ensemble du territoire ». Le projet prévoit non pas de nouvelles implantations, mais de la complémentarité. Côté France 3, le média se dessine, alors que la part des contenus régionaux a fortement augmenté depuis septembre en linéaire, avec par exemple, deux nouvelles heures thématiques, entre 9 heures et 11 heures.  

Travailler ensemble, les deux réseaux en ont déjà l'habitude depuis trois ans, avec la mise en place en 2019 de matinales communes, 21 sur 44 aujourd’hui, un chiffre amené à augmenter. Les matinales de France Bleu, filmées en studio à l’aide de caméras TV, sont ainsi « mises en images » par les journalistes de France 3. « Nos 21 matinales couvrent 67 % de la population et représentent 2% en part d'audience et 400 000 téléspectateurs en audience cumulée », relate Philippe Martinetti. Le tout pour un coût qui se dit maîtrisé : « Nous rajoutons une couche télévisuelle à des coûts déjà payés : avec un coût économique faible, on obtient une forte valeur éditoriale », ajoute Jean-Emmanuel Casalta, directeur de France Bleu. Au-delà, la coopération s’est aussi traduite par des émissions spéciales communes lors des dernières élections municipales et régionales : l’initiative sera reconduite pour la présidentielle.

L’audiovisuel public français n’en est pas à sa première synergie. La chaîne Franceinfo a fêté ses 5 ans cette année en alliant Radio France à France Télévisions, en partenariat avec France Médias Monde et l’Ina. « Après Franceinfo.fr, l’envie est de créer un second succès numérique de l’audiovisuel public en capitalisant sur le succès de Francebleu.fr et la richesse de France 3 et de s’inspirer des recettes qui font sa réussite : une promesse claire, une marque pour la porter, une présence sur tous les supports », expose Jean-Emmanuel Casalta.

Le modèle du média est en construction. La mise en œuvre d’un GIE (groupement d’intérêt économique), piloté de manière paritaire, a débuté. La place de la publicité fera partie des questions à trancher.

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