Économie
La jeune manager féministe Audrey Tcherkoff a grandi à l’ombre de mentors inspirants avant de prendre la tête du Women’s forum pour porter haut ses convictions

Télétravail oblige, Audrey Tcherkoff nous reçoit dans son superbe appartement du 16e arrondissement à Paris. Son mari travaille dans la l'élégante salle à manger-cuisine de cet espace lumineux tandis que ses deux filles de 6 ans et 7 mois s’activent avec leur nounou. Audrey Tcherkoff, regard ardent et sourire enfantin, est animée d’une vivacité chaleureuse.

Avec l’approbation de Maurice Levy (Publicis détient une participation majoritaire), elle vient d’être nommée directrice du Women’s Forum, à la suite de l'alliance avec l’Institut de l’économie positive, de Jacques Attali qu’elle préside. Son plan pour le prochain Forum, souvent appelé le Davos des femmes qui se tiendra en novembre ? « La fin du temps de la parole pour faire place à celui de l’action. Je souhaite appeler les leaders économiques et politiques à s’engager dans des projets concrets dans le cadre des plans de relances, sur les sujets de la parité par exemple. »

Favorable aux quotas

Et de pointer du doigt la France, qui malgré son image de bonne élève, n’affiche aucune femme présidente d’une entreprise ou d’un conseil de surveillance du CAC 40. Cette féministe se dit « favorable aux quotas et à tous les accélérateurs. Chacun sait que les femmes sont fortes. Encore faut-il que la société change son regard sur cette force ». Elle-même s'est vue snobée par des investisseurs en Jordanie parce qu’elle était une femme. « J’étais en colère qu’on ne me donne pas la chance de me battre ». Désormais, chaque année, Emmanuel Macron et ses équipes la reçoivent avec Jacques Attali à l’Élysée pour écouter leurs préconisations pour le G20. « La première fois, je me suis dit que j’avais parcouru un long chemin et que j’avais eu raison de ne rien lâcher ». Le gouvernement ne prépare-t-il pas un projet de loi sur l'égalité des sexes dans la vie économique qui prévoit un quota de 40 % de femmes dans les comités exécutifs en 2024 ?

Voyages à l'étranger

Depuis son enfance en Normandie, avec un grand-père entrepreneur et self made, les voyages et l'étranger marquent son parcours. Des camarades de chambre indonésiennes ou mexicaines dans la très huppée École des Roches. Des études à New York et au Japon. Elle y croise le styliste Tom Ford, chez Yves Saint Laurent, qui exige de ne pas être regardé dans les yeux. Puis trouve un job en Polynésie française et au Moyen-Orient pour développer les perles noires cultivées par Robert Wan. Mais un accident l'immobilise quatre mois et la questionne sur le sens de sa vie. Elle se promet un voyage humanitaire au Népal. Puis écrit à Jacques Attali pour lui proposer ses services. Il la challenge. Elle se démène brillamment. Banco. Son opiniâtreté matinée d'une niaque peu commune en font désormais la femme de pouvoir de cette influente ONG.

Parcours

1981. Naissance en Seine-Maritime.

2002-2006. Institut Supérieur de Gestion.

2007. Service développement commercial des boutiques Yves Saint Laurent.

2007- 2016. Travaille pour le producteur de perles noires Robert Wan.

2015-2018. Vice-présidente exécutive de Positive Planet de Jacques Attali.

Depuis 2018. Présidente de l'Institut de l'économie positive.

Avril 2021. Nommée directrice générale du Women's forum.

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