Stratégie
Arnaud Lagardère a évité le démantèlement de son groupe en le transformant en société anonyme à portée d’OPA. Vincent Bolloré accepte, pour l’heure, ce statu quo qui reconnaît sa prédominance.

C’est aux yeux d’Arnaud Lagardère un « changement voulu et assumé » qui préserve l’essentiel : « l’intégrité de cette entreprise, la paix actionnariale et la stabilité du management », comme il l’a dit devant les analystes le 28 avril. Preuve de sa foi en l’avenir, il a accepté de renoncer au statut de commandite par actions, qui lui assurait le contrôle stratégique du groupe ainsi qu’un dividende de 1 % sur son résultat net, en échange d’une indemnisation « en titres et non pas en cash ». Le patron, qui a succédé à son père en 2003 en tant que gérant commandité, recevra en compensation 10 millions d’actions, ce qui portera sa part de capital de 7 % à 14 %. Il a aussi eu l’assurance d’être pendant six ans PDG de la nouvelle société anonyme, avec Pierre Leroy à ses côtés comme directeur général délégué. Enfin, il met fin par la même occasion à ses démêlés judiciaires avec son actionnaire Amber.

« Paix des braves »

Reste la question de l’équilibre actionnarial. Après l’Assemblée générale du 30 juin, Arnaud Lagardère disposera de trois administrateurs, dont lui-même et deux indépendants, dont Nicolas Sarkozy, un ami qu’il a en commun avec Vincent Bolloré et qui a œuvré à cette « paix des braves ». Vivendi (27 % du capital) aura aussi ses trois administrateurs. Le Qatar (12 %), Amber (18 %) et la Financière Agache de la famille Arnault (7%) en auront un chacun. Soit neuf représentants, sans oublier les deux administrateurs salariés. Il faudra sept votes sur onze pour bloquer une décision stratégique. De même, toute cession devra être ratifiée au trois cinquième dès lors qu’elle dépasse 10 millions d’euros dans les médias, 50 millions dans l’édition et 100 millions dans le travel retail (Relay).

« Aucun n’aura le contrôle de la société », a martelé Arnaud Lagardère. C’est vrai qu’il n’y a pas, à ce stade, d’OPA prévisible, Bolloré restant sous la barre des 30 % du capital. « Une OPA est une solution plus coûteuse, rappelle Jean-Clément Texier, président de la société financière de communication, mais Vivendi aura une influence considérable. Le statu quo est à son bénéfice au moins pour un temps ». Si la période pré-électorale est préservée de toute ingérence patente, il reste à savoir si des synergies avec Vivendi et Arnault dans l’édition, les médias ou le travel retail – « pourquoi pas » a dit le futur PDG – ne traceront pas le chemin vers des cessions pour peu qu’elles soient acceptables par l’Autorité de la concurrence. Bernard Arnault se contentera-t-il d’une « bonne affaire financière », dixit Arnaud Lagardère, ou exigera-t-il Le JDD et Paris Match en récompense de son ralliement ?

Europe 1 au cœur du débat

Avec une perte de 26 millions d’euros en 2020, Europe 1 cherche à se redresser en gagnant en visibilité. Après une campagne en trois volets qui a révélé sa signature « Écoutez le monde changer », en 2019, Romance a dévoilé une trentaine de visuels le 3 mai visant à montrer que la radio est à l’écoute d’un monde qui change par une série de questions piquantes : « Faut-il avoir honte de manger de la viande ? », « C’était mieux avant, mais avant quoi ? »… Sur fond de couleurs chaleureuses et porteuses d’optimisme, il s’agit de témoigner de « l’esprit Europe 1 », selon Constance Benqué, sa PDG.

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