Bernard Arnault a confirmé, mercredi 19 août, avoir pris 27% du capital de la holding de contrôle du groupe Lagardère, Lagardère Capital & Management (LC&M), via sa filiale Financière Agache. Un conseil d’administration s’est réuni pour approuver l’investissement annoncé le 25 mai lorsque groupe Arnault a dévoilé vouloir reprendre « un quart » du capital de LC&M. Un communiqué précise que la réalisation de cette opération interviendra début septembre, après levée des dernières conditions suspensives en cours de finalisation.
« Cet investissement viendra concrétiser les liens de longue date qu’entretiennent nos deux familles et manifester notre attachement à l’intégrité du groupe Lagardère autour de ses deux piliers Lagardère Publishing et Lagardère Travel Retail », a commenté Bernard Arnault. Arnaud Lagardère a de son côté ajouté : « Je me réjouis de compter bientôt à nos côtés [Bernard Arnaud] pour soutenir durablement notre stratégie ambitieuse et responsable ».
Arnaud Lagardère a fait appel au fondateur de LVMH pour venir éponger ses dettes en échange d'un quart de sa holding familiale.
Nouveau mandat pour Lagardère
Le groupe Lagardère a annoncé lundi soir avoir renouvelé pour quatre années le mandat de gérant d'Arnaud Lagardère, qui devait initialement s'achever au mois de mars prochain, et entamer une réorganisation de sa gouvernance avec notamment la création d'un conseil de gérance.
Cette décision intervient moins d'une semaine après la formation d'une alliance entre les deux premiers actionnaires du groupe, Vivendi et le fonds d'investissement Amber Capital, afin de demander quatre sièges au conseil d'administration de Lagardère et la convocation d'une assemblée générale à la rentrée.
« Le conseil de surveillance a approuvé le renouvellement du mandat de gérant de Monsieur Arnaud Lagardère pour une durée de quatre ans à compter du 17 août 2020 », explique le groupe dans son communiqué, justifiant ce choix par la nécessité de « stabiliser la gouvernance du groupe dans une période inédite ». La durée du mandat de gérance était jusqu'ici de six années.
Ce renforcement de la gérance apparaît comme une réponse au pacte annoncé le 11 août par Vivendi et Amber Capital, qui détiennent respectivement 23,5% et 20% du capital de Lagardère et souhaitaient entamer des démarches afin d'avoir au conseil de surveillance une représentation minoritaire, de trois membres pour Amber Capital et un membre pour Vivendi.
Il s'agissait pour les deux premiers actionnaires de renforcer leur position en vue du renouvellement du mandat de gérant d'Arnaud Lagardère, initialement prévu au premier trimestre 2021.
« Coup d'état contre la démocratie actionnariale »
Amber Capital et l'entourage de Vivendi ont déploré mardi le renouvellement anticipé d'Arnaud Lagardère comme gérant du groupe dont ils sont les principaux actionnaires, y voyant un nouvel exemple de dysfonctionnement de sa gouvernance. Des mesures qui coupent l'herbe sous le pied d'une alliance annoncée moins d'une semaine auparavant entre les deux premiers actionnaires, Vivendi et Amber, qui voulaient ainsi tenter de peser sur la décision l'an prochain de renouveler ou pas le mandat d'Arnaud Lagardère.
Le fondateur d'Amber Capital, Joseph Oughourlian, a dénoncé dans une déclaration au quotidien Le Monde « un coup d'Etat contre la démocratie actionnariale, (...) pas surprenant venant d'un conseil qui n'a jamais défendu les actionnaires de la société ».
Le statut atypique du groupe Lagardère, en commandite par actions, complique les tentatives d'OPA et permet à son patron et associé-commandité de conserver le contrôle avec seulement quelque 7% des parts. En contrepartie, il est responsable indéfiniment des dettes de l'entreprise sur ses biens propres.