Conjoncture
Que ce soit à la télévision, à la radio, dans la presse ou les plateformes en ligne, les éditeurs de médias ont multiplié les initiatives pour informer aux mieux et apporter aide ou assistance aux Français. Ils doivent aussi composer avec une économie à l'arrêt.
  • Des grilles gérées à l’économie

Confrontées à la chute de leurs recettes publicitaires, les chaînes privées cherchent à faire des économies de coût de grille pour limiter la casse. D’où des émissions repensées et surtout raccourcies en première partie de soirée afin de réduire la facture, comme pour The Voice ou Koh Lanta sur TF1, ou les séries Why women kill et Dr Harrow sur M6, désormais diffusées un épisode par soir. D’autant qu’avec l’interruption des tournages, les grilles s’annoncent plus difficiles à remplir ces prochains mois. C’est pourquoi les chaînes cherchent à faire durer plus longtemps leurs programmes forts en cours de diffusion et garder des cartouches pour quand la publicité sera revenue. C’est pour cette raison que TF1 a interrompu la diffusion de la 10e saison de Profilage et M6, la saison 17 de NCIS.

  • Bien vivre le confinement

Les chaînes innovent aussi dans leur grille avec de nouvelles émissions adaptées à la situation de confinement. Depuis le 24 mars, M6 propose chaque jour à 18h45 Tous en cuisine, en direct avec Cyril Lignac, dans laquelle le chef cathodique cuisine depuis chez lui un plat en temps réel, un format qui rassemble plus de 2 millions de téléspectateurs. Pour aider les Français à garder la forme, France Télévisions a lancé le 6 avril l’émission Restez en forme, qui se décline sur France 3, France 5 et France 2. Le groupe audiovisuel public diffuse également tous les jours à 14 heures un film patrimonial, de La Soupe aux choux aux Aventures de Rabbi Jacob, regardé encore par 3,9 millions de téléspectateurs le 5 avril. Même carte de la nostalgie jouée par la chaîne L’Équipe quand elle rediffuse les grands matchs de l’équipe de France de foot en prime time.

  • L'école à la maison

Seul Mediawan a lancé le 6 avril une chaîne éphémère #ALaMaison pour proposer des programmes éducatifs et familiaux durant le confinement. Mais les grands groupes ont adapté leurs grilles pour permettre de faire classe chez soi. France Télévisions a initié le mouvement avec La Maison Lumni, sur France 4 et France 2, et les cours Nation apprenante avec le ministère de l'Éducation nationale. TF1 s'est associé au dispositif à travers Ushuaïa TV, Histoire TV et MyTF1. Tout comme RFI et France 24 à travers un espace dédié, RFI Savoirs. Sur Lumni.fr, on retrouve une série pégagogique sur l'histoire en 20 épisodes par la youtubeuse Manon Bril, docteure en histoire. Quant à France Culture, elle se mobilise avec une émission de mi-journée Écoutez, Révisez, présentée par Olivia Gesbert et avec l'Éducation nationale, pour préparer l'oral du bac de français.

  • L'interactivité sur les antennes

Les radios et les télés ont largement ouvert leurs antennes aux Français pour leur permettre à la fois de poser leurs questions et d'exprimer leurs inquiétudes. Côté radios, RTL fait la part belle aux auditeurs de 4h30 à minuit. Franceinfo ouvre 100 % du 9h-10h et du 12h-15h aux auditeurs. Sur Europe 1, la matinale de Matthieu Belliard est prolongée jusqu'à 9H30 pour laisser davantage la parole au public. BFM Business radio et télé répond aux questions des entrepreneurs posées par mail à chaque heure, de 7h40 à 19h40. LCI et BFMTV ont ouvert leurs antennes dans des espaces dédiés aux questions des téléspectateurs comme TF1 et France 2 dans leurs JT. Le Figaro Live propose sept rendez-vous quotidiens dont deux en direct. Les Français de l'étranger via RFI et France 24 et son #chezvousavecFrance24 sont incités à partager leurs questions, expériences et conseils...

  • Une moisson de newsletters

La presse écrite a mis en place de nombreuses lettres d'information sur l'actu du coronavirus, de Society à Vanity Fair, du Figaro à Philosophie Magazine ou AD. Le Parisien en publie deux par jour, l'une à la mi-journée avec le point sur les dernières infos et l'autre, Le Guide du confiné avec des bons plans de divertissements (fictions, spectacles, documentaires, lecture) pour adultes et enfants. Psychologies Magazine propose tous les jours Bonheurs intérieurs pour garder sa sérénité. Enfin, Les Nouvelles Editions indépendantes (Nova, Les Inrocks, Cheek Magazine) ont mis en place #onresteouvert qui répertorie leur offre quotidienne dédiée à la crise. Stratégies a aussi lancé sa newsletter hebdomadaire anti-crise.

  • La PQR, plateforme d’entraide

Les quotidiens régionaux multiplient les initiatives pour aider habitants et entreprises.  La Voix du Nord a créé une page Facebook « Entraidons-nous » pour répondre aux questions et mettre en contact les uns avec les autres, en passant de deux à six managers de communautés. Elle a aussi imaginé « La Voix Solidarité », une plateforme pour les professionnels, réalisée avec le Medef, les chambres de commerce, l'Union des banques ou des artisans... « On souhaite mettre en réseau tous les réseaux », explique Pierre Mauchamp, directeur de la rédaction, qui lance parallèlement une cagnotte pour l’hôpital de Lille. La Dépêche du Midi et Midi libre font répondre en ligne des experts de l’entreprenariat. Nice-Matin a un groupe Facebook pour « fédérer le tissu économique local » et une appli participative d’entraide CoronAides pour les citoyens. Ouest-France, avec la start-up ADN.ai, a lancé #OnVousAime, une plateforme de soutien par messages vocaux à ceux qui luttent contre l’épidémie.  Sud-Ouest, enfin, a publié un podcast avec les témoignages vocaux de ses lecteurs.

  • Moins de papier, plus de digital gratuit

Certains titres ont disparu des kiosques comme L'Équipe Magazine ou Point de Vue. D'autres ont revu leur rythme de parution : l'hebdo Voici devient mensuel, France Football quinzomadaire, Vélo Magazine bimestriel. La Voix du Nord et La Montagne ont réduit leurs éditions locales, tout comme Le Parisien qui n'en a plus qu'une. Ouest-France est passé de 53 à 12, mais enrichit son offre avec « Vous être utile », édition spéciale gratuite de douze pages, diffusée à 500.000 exemplaires dans les hypers, avec conseils pratiques, attestations et jeux pour les enfants. Le Canard enchaîné s'initie au numérique à 1 euro. Des contenus digitaux sont désormais disponibles gratuitement : soit seul les articles consacrés à la crise, comme sur les sites de Libération ou Courrier International, soit l'intégralité des titres pour Ouest-France, Vanity Fair, Milan Presse ou la presse professionnelle médicale. 

Le chômage partiel, variable d’ajustement

Le Parisien, 20 Minutes, TF1, M6, Canal+, JCDecaux, Altice… Nombreux sont les médias à adopter des mesures de chômage partiel pour absorber une partie de leur activité en souffrance. Plus la dépendance au marché publicitaire – et événementiel – est forte, plus ces mesures sont massives. Les médias qui doivent continuer de mobiliser une rédaction y ont plus ou moins recours. 20 Minutes, par exemple, met en place 20 % à 80 % de chômage partiel pour 150 de ses 210 salariés. La prise en charge d’une grande partie de l’activité manquante par l’État est souvent la condition d’un redémarrage après le confinement.

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