Yann Thébault, à l’écoute du marché

Yann Thébault se souviendra longtemps de sa première rencontre avec Daniel Ek, le fondateur de Spotify. C’était en 2009, en Suède, une époque où le streaming musical était encore loin d’occuper la place qu’il a aujourd’hui. « Personne ne savait ce que Spotify allait devenir. Daniel Ek m’a expliqué sa vision de l’industrie musicale, qui n’avait jamais eu autant de consommateurs mais aussi peu de revenus », rembobine celui qui a récemment pris la direction France d’une autre start-up suédoise, Acast, qui entend bien se faire une place sur le marché français du podcast. « Avec Acast, j’ai le sentiment de revivre le début de l’aventure Spotify, en mieux. »

Évangélisation

La carrière de Yann Thébault n’est qu’une succession de paris. Après des études dans le marketing aux États-Unis, il revient en France créer une société dans les cosmétiques (une crème pour atténuer les effets de la chirurgie esthétique) qu’il revend quelques années plus tard au groupe Pierre Fabre. Il rejoint ensuite le groupe NRJ côté régie, à l’époque où le digital commence à s’inviter dans les plans médias des annonceurs. Nouveau pari en 2005 avec la création de la régie internet Horyzon Media, que rachète le groupe Pages Jaunes en 2008. Yann Thébault préfère partir. « J’aime amorcer des activités, faire connaître des nouveaux usages, des nouveaux modèles, être au bon endroit au bon moment », s’enthousiasme-t-il.

Après quelques mois à conseiller une jeune société positionnée dans le cashback sur mobile (Pumbby.fr), il est finalement recruté à l’été 2009 par Spotify pour amorcer le développement commercial en France de la plateforme de streaming. « Les annonceurs ne connaissaient alors pas beaucoup le streaming et beaucoup pensaient que c’était illégal. Il y avait un gros travail d’évangélisation à faire », se remémore Yann Thébault qui, de directeur commercial France devient directeur général France en 2012 avant d’élargir son périmètre à l’Europe du Sud puis à l’Europe continentale.

Sous l'étoile du podcast

« J’ai une bonne étoile qui m’aide à dénicher les bonnes tendances. » Après le streaming musical, cette étoile le porte aujourd’hui vers le podcast. « Nous sommes face à un gros encombrement visuel. Le podcast permet de se libérer les yeux comme les mains ; ça contribue à l’épanouissement personnel des gens. C’est un sujet qui me tient à cœur », martèle-t-il. Sa mission à la tête d’Acast sera notamment de mettre en place des partenariats avec des éditeurs de podcasts afin qu’ils utilisent la plateforme tant d’un point de vue technique que commercial. Créée en 2014, la start-up gère notamment les podcasts de la BBC. « Aujourd’hui, en France, les radios ont la mainmise sur les podcasts. Ce qui va changer la donne, ce sera l’arrivée du wifi dans les voitures ; les gens auront plus de choix », anticipe l’entrepreneur, dont le prochain défi à court terme sera l’arrivée d’une troisième fille au mois de mai.