BuzzFeed prévoit de cesser son activité en France et par conséquent de licencier les 14 salariés de BuzzFeed France, ont précisé deux employés du site. La nouvelle a été annoncée jeudi à Paris à l'équipe française par Scott Lamb, le responsable du développement international de BuzzFeed, selon une de ces sources. Le rédacteur en chef du site Stéphane Jourdain a regretté sur Twitter une « décision brutale et complètement inattendue ». Une porte-parole de Buzzfeed aux États-Unis n'a pas souhaité confirmer cette fermeture mais a indiqué que la direction américaine avait « lancé un processus de consultation avec BuzzFeed France », et qu'elle « prend des mesures pour revoir son activité sur le marché français ».
La faute à l'algorithme de Facebook ?
Créé en 2006, BuzzFeed est devenu un acteur d'importance dans le monde de l'information en ligne grâce notamment à certains contenus viraux et à la création de « buzz », ainsi qu'à sa capacité à générer du trafic via les réseaux sociaux. Ses autres bureaux européens, en Espagne et en Allemagne, ne seraient pas menacés, selon un responsable de l'entreprise.
Lancé en novembre 2013, « BuzzFeed France était en pleine période d'investissement et de croissance », a regretté un des salariés. « Le trafic (internet) était en hausse, le site a sorti ses plus gros scoops en 2018 », notamment une affaire de discrimination dans un restaurant parisien huppé, des documents sur la campagne présidentielle de Marine Le Pen ou une affaire de harcèlement sexuel sur une chaîne de la TNT.
Fin 2017, BuzzFeed avait déjà annoncé qu'il licencierait environ 100 personnes aux États-Unis et en Grande-Bretagne, premier signe tangible des difficultés du site d'information dont le modèle économique est entièrement axé sur la publicité. BuzzFeed France pourrait être l'une des premières victimes des changements de l'algorithme de Facebook, avec un nouveau fil d'actualités plus centré sur les proches et moins sur les médias.
Plusieurs médias américains avaient annoncé, mi-novembre 2017, que BuzzFeed aurait renoncé à s'introduire en Bourse à court terme, même si le groupe n'a jamais confirmé son intention d'être coté. Selon ces mêmes médias, l'incapacité du site à atteindre ses objectifs ambitieux en matière de croissance du chiffre d'affaires aurait échaudé les investisseurs.