Célia Mériguet, cheffe d'orchestre

Quand Célia Mériguet explique son job, ses yeux sombres fixent le sol pour mieux se concentrer sur sa partition. Pas simple d'expliquer comment on «met en musique tous les contenus numériques de l'info de France Télévisions». Il faut une sacrée détermination pour diriger son orchestre. Elle encadre une centaine de solistes, dédiés à la rédaction du site Franceinfo (50 personnes), à la plateforme Culturebox, à Géopolis Afrique et au volet numérique des magazines d’info (Complément d’enquête, Cash investigation etc). Et il faut une sacrée concentration, qu'elle insuffle à ses équipes. Le silence qui règne dans l'open space de Franceinfo numérique tranche avec l'idée que l'on peut avoir d'un média aussi puissant : Franceinfo, 2e marque d'info sur le web selon Médiamétrie, 4e selon l'ACPM.

Plus elle décrit les ramifications transversales de son job, et plus on mesure sa virtuosité pour se faire une place et se faire entendre, sans dissonance, de ses interlocuteurs. «Elle témoigne d'une sacrée capacité de longévité dans une structure soumise aux méandres politiques comme celle de l'info de service public» souligne Alexis Delcambre, son ex-alter ego au Monde.fr devenu directeur adjoint de la rédaction du quotidien. 

Du Monde.fr à France Télévisions

La force de Célia Mériguet, c'est la rigueur. Celle d'une journaliste qui se rêvait à l'AFP. Mais un compagnon italien rencontré à 18 ans l'a poussée vers un job plus sédentaire, au Monde.fr. Elle s'immerge dans le digital et gravit les marches de l'encadrement staccato. «Quand j’ai postulé au Monde.fr, certains se demandaient si ce n’était pas une voie de garage. Quinze ans plus tard, je trouve que le numérique n'est pas encore considéré à sa juste valeur. Si j’en suis là, c’est aussi parce que personne ne voulait faire cette carrière. Ça n’intéressait pas les hommes. J’ai eu ma place parce qu’il y avait moins de concurrence».

C’est Bruno Patino, venu du Monde à France Télévisions, et Thierry Thuillier, le patron de l’info, qui la recrutent pour lancer le site Francetv Info… Elle est enceinte de trois mois. «Je pensais que cela allait écarter d’office ma candidature. Pas du tout». Mieux, son deuxième bébé nait en octobre 2016, deux mois après le lancement de Franceinfo média global, dont elle assurait le volet numérique. Elle sourit de ces projets perso/boulot qu'elle mène de front avec brio. Cette reine de la charte et des bibles (document où sont recensés les usages en cours) rassure ses interlocuteurs et ses équipes. Cadrer les usages, pour mieux s'inventer et se réinventer dans l'univers digital, réputé chronophage et en perpétuel mutation, c'est son chef d'oeuvre... Maestra!