Poignée de main ferme et regard panoramique, visage sous clé qui dévoile un sourire enfantin: tout, chez Béline Dolat, inspire une dynamique des contraires. Un mélange de force et de faiblesse, de rigidité et de souplesse chez cette quadra à la tête d’un bataillon d’hommes chez GQ. «C’est la première fois que je ne suis pas numéro 2 et que je vais pouvoir avancer en fonction d’un projet que j’ai défini. Mais c’est aussi la première fois que mon boss, Xavier Romatet, est un homme», sourit-elle.
Ses ambitions sont grandes, comme ses envies et les difficultés que connait GQ (groupe Condé Nast), qui va fêter ses 10 ans: 91278 exemplaires en diffusion France payée en 2016-2017, soit -6,6% en un an. Béline Dolat veut s’adresser aux hommes comme aux femmes «qui représentent 30% du lectorat». Apporter de la légèreté et un peu plus fond dans ce «magazine de la pop culture». Le tout avec des images de couverture fait maison. De quoi donner un second souffle à une équipe, dont les historiques ont été en partie remerciés avant qu’elle n’arrive? Son énergie et son enthousiasme semblent appréciés en interne. Et cette fille de prof sait s'adapter: elle qui a grandi à Troyes dans un environnement très «Camif, Télérama, Maif», lâche-t-elle dans les très chics locaux du 8e arrondissement.
Versatile
À 18 ans, elle monte à Paris et sera attachée parlementaire du sénateur de l'Aube pour financer ses études. C’est une annonce de France 3 affichée à Sciences Po où elle travaille sur sa thèse d’histoire qui la détourne de l’enseignement pour la projeter vers le journalisme, dont elle rêve. Olivier Barrot, le monsieur livre de la chaîne, cherche quelqu’un pour gérer ses tournages en extérieur. Banco. Elle reste cinq ans dans cette toute petite équipe où sa boss s’appelle Sandrine Treiner, aujourd’hui directrice de France Culture.
En 2006, elle change les codes pour participer à Jasmin, l’hebdo féminin lancé par Axel Ganz, avant de s’occuper de culture, de mode et d'actrices pour Madame Figaro pendant trois ans. Nouveau virage quand Marie-Pierre Lannelongue la recrute à M le magazine. Elle contribue largement à bâtir le succès du magazine. Au bout de cinq ans, elle lâche la presse pour la direction des émissions magazines de France Culture. «Mais dès le premier jour, l’écrit m’a manqué.» Revoilà donc celle qui se reproche d’être versatile avec du papier glacé entre les mains. Et le projet de lancer des master class et des podcasts pour les dix ans du titre. Comme sur France Culture. Pour la première fois, elle peut appliquer tout ce qu'elle a appris dans son parcours. C'est elle qui tient enfin les rênes.