Télé linéaire, de rattrapage... Les frontières sont aujourd'hui poreuses. Le colloque du groupement des éditeurs de services en ligne (Geste), le 29 mars, en témoigne: la social TV, qui implique une participation active du public et la distribution d'un contenu sur divers canaux, gagne les éditeurs de programmes.
The Voice, l'émission à succès de TF1, est le premier sujet commenté le samedi soir sur Tweeter, avec 75 000 tweets, alors que l'intégration du flux du réseau social au "replay" de la chaîne permet de retrouver en vidéo les moments les plus discutés de l'émission. En direct ou en rattrapage, c'est la conversation autour d'un programme qui semble la plus à même de générer de l'attention et de l'audience.
"On assiste à un transfert du pouvoir vers l'audience, estime Eric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique de France Télévisions. On avait l'habitude de diriger les choses, mais on va être amené à co-créer avec l'audience."
Si la télévision n'est pas encore connectée, les télespectateurs, eux, le sont de plus en plus. Mobiles et tablettes sont utilisés comme deuxième écran et accompagnent la consommation sur téléviseur pour des partages communautaires sur les réseaux sociaux. Si Facebook, Twitter voire Pinterest sont incontournables, Jean-Yves Stervinou, fondateur de Devantlatélé.com, souligne que l'avenir est aux applications verticales qui permettent de réduire "le bruit" autour d'un programme.
Les autres médias peuvent aussi en tirer parti. Sarah Herz, directrice des activités numériques de Conde Nast, qui tire 23% de son audience de Facebook et 7% de Twitter, n'hésite pas à doper son audience grâce à TF1: "Si Glamour suit The Voice, cela grossit nos bases et nous rapporte énomément de followers."Vogue Paris compte déjà 900 000 abonnés à son compte Twitter.
Mais encore faut-il qu'une valorisation publicitaire soit possible. "Grâce à des retweets activés, un clip peut être vu 400 000 fois. Médiamétrie devraient prendre en compte ces audiences", souligne-t-elle.
De son côté, L'Equipe réfléchit à la manière dont sa nouvelle chaîne HD, qui sera disponible sur la TNT à la rentrée prochaine, va s'articuler avec les activités Internet du groupe. Trois pistes sont envisagées: l'utilisation de la télécommande pour visionner sur son téléviseur des contenus tirés du site, l'interaction avec un appareil compagnon, qu'il s'agisse d'un smartphone ou d'une tablette, et enfin la possibilité de regarder la chaîne sur l'un de ces nouveaux supports.
Pour l'heure, le mobile représente déjà un quart des pages vues totalisées chaque mois par L'Equipe sur Internet. Un support sur lequel les campagnes sont également de plus en plus nombreuses. «Les supports numériques permettent de prendre le relais du journal papier qui est obsolète dès midi», explique Sébastien Valère, directeur du marketing et des opérations des activités numériques du groupe L'Equipe.
Comme dit Michel Lévy Provençal, fondateur de Joshfire, à la multiplication des supports répond une fragmentation des usages. Et de futurs formats, nés de "l'Internet des objets", s'annoncent (voiture, miroir...). De 7 à 8 milliards d'objets connectés, on devrait passer à 25 ou 50 milliards en 2020.
ENCADRE
Quels usages pour les tablettes ?
Plus masculin et plus urbain que la moyenne, le tablonaute est aussi plus âgé que le mobinaute, avec un tiers des utilisateurs d'Ipad se situant entre 35 et 49 ans, selon l'institut Médiamétrie. 1,7 million de Français possèderaient une tablette, un appareil qu'ils utilisent à 92% au domicile, et à 25% sur le lieu de travail. Il s'agit majoritairement d'un outil partagé avec d'autres utilisateurs (56%). Et s'ils s'y connectent assez occasionnellement – 62% l'utilisent au moins une fois par semaine – ils le font principalement entre 17 heures et minuit, pour se divertir, voire effectuer des achats en ligne.
