Le cofondateur de Mediapart a confié son point de vue sur la liberté des journalistes en France, en marge d'un congrès sur les médias et Internet, à l'occasion du premier anniversaire de la révolution tunisienne.

Interviewé par Stratégies le 13 janvier, en marge du colloque 4M Tunis organisé par Canal France International, Edwy Plenel, président de Mediapart, a indiqué qu'il y avait selon lui deux menaces à la liberté de l'information: Nicolas Sarkozy «dont le quinquennat est une régression démocratique»  en raison du «mode de nomination des présidents de l'audiovisuel public», de «ses liens avec les milliardaires» et de son «dédain» envers les indépendants; et «les journalistes eux-mêmes quand ils ne sont pas à la hauteur de ce privilège qui est d'être le relais de ce droit fondamental qu'est la liberté de l'information».

Le fondateur du site d'information, qui totalise près de 59 000 abonnés, estime que les professionnels de l'information ne sont pas fidèles à leur mission «quand ils ne se battent pas assez, quand ils ne dérangent pas assez les pouvoirs politiques et économiques».

Le lecteur, gardien de l'indépendance éditoriale

Interrogé par ailleurs sur le rachat de Rue 89 par Le Nouvel Observateur de Claude Perdriel, Edwy Plenel estime que ce site d'information «a changé de système», qu'il a «été sauvé par un industriel dont l'essentiel des revenus provient d'autres activités que la presse» [à savoir SFA]. Sur la question de savoir si Rue 89 peut réussir à préserver son indépendance, Edwy Plenel s'est contenté de répondre: «C'est un système différent. Claude Perdriel se présente comme le meilleur garant de l'indépendance de la presse

De son côté, Pierre Haski, cofondateur de Rue 89, a indiqué publiquement au cours d'un débat que «le vrai gardien de notre indépendance, c'est notre lecteur. Si vous remarquez la moindre inflexion dans le style de journalisme, n'hésitez pas à le faire savoir et à partir. Le Nouvel Obs veut qu'on reste ce qu'on est

Mettre fin aux incidents de paiement

Edwy Plenel a par ailleurs confié à Stratégies qu'il travaillait sur une offre d'abonnement couplée rassemblant Mediapart et Arrêt sur images et qu'il souhaitait proposer des émissions en télévision connectée. Il a également déclaré qu'il comptait saisir le Conseil national du numérique pour éviter d'avoir à obtenir le renouvellement des virements bancaires de ses abonnés au bout d'un an: «Sans les incidents de paiement, nous aurions 70 000 abonnés», précise-t-il.

Lancé en 2008, Médiapart a été pour la première bénéficiaire en 2011 avec un résultat positif de 500 000 euros.

 

Voir ci-dessous l'interview vidéo d'Edwy Plenel:

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