La montée en puissance des réseaux sociaux génère un risque croissant pour les entreprises: la fuite d'informations sensibles ou stratégiques. Un risque que confirme la dernière enquête de la Cegos sur l'usage des réseaux sociaux dans l'entreprise, présentée le 18 janvier. Et la voie d'eau est importante. Pas moins de 8% des responsables communication, marketing et ressources humaines (RH) en charge de ce sujet affirment en effet avoir déjà vu circuler, sur les réseaux sociaux, des «informations internes à diffusion restreinte» et 7% des «informations confidentielles». Par ailleurs, 13% ont déjà lu des commentaires sur la stratégie, 27% des appréciations sur le management et 23% des avis sur des collaborateurs.
Car l'étude Cegos confirme également - on s'en doutait - que les salariés sont massivement présents sur les réseaux sociaux: Facebook arrive en tête, avec 61% d'utilisateurs, devant You Tube (23%) puis Google+, Viadeo, Linked In et Twitter.
Autre enseignement intéressant: 45% des salariés n'ont «pas du tout peur» des conséquences vis-à-vis de leur entreprise quand ils s'expriment sur les réseaux sociaux et 20% «pas trop peur». A la question: «Existe-t-il une charte sur l'usage des réseaux sociaux dans votre entreprise?», 45% des collaborateurs répondent qu'il n'y en a pas. Et, plus inquiétant encore, 42% ne savent pas s'il en existe une ou non.
Garder un œil sur le Net
Philippe Gérard, manager des formations digitales chez Cegos, tempère ces chiffres en avançant une autre explication: «Si les salariés n'ont pas peur de s'exprimer, c'est sans doute parce qu'ils ont tendance à s'autodiscipliner. On voit d'ailleurs que 45% des salariés pensent qu'ils n'ont pas le droit de parler de leur entreprise sur les réseaux sociaux, alors que seulement un quart des responsables de réseaux sociaux affirment avoir mis en place de telles interdictions. Les salariés sont en réalité plus prudents que ce qui leur est demandé.»
Toujours est-il que les entreprises vont créer des postes de Community Manager dans les années à venir, histoire de garder un œil sur le Net: «27% des responsables des réseaux sociaux interrogés ressentent le besoin de créer un poste dans les trois ans à venir», poursuit Philippe Gérard. Une demande plus forte dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI, de 250 à 4 999 salariés): 47% de celles-ci estiment avoir besoin d'un gestionnaire de communauté.