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Alors que James Murdoch est auditionné cette semaine pour la deuxième fois par la commission d’enquête parlementaire, le débat bat son plein sur les dérives de la presse tabloïd.

L'affaire dure depuis cinq ans, mais depuis cet été, elle réserve régulièrement son lot de rebondissements et de révélations choquantes. Depuis la semaine dernière, on sait que quelque 5 800 personnes ont été écoutées illégalement par News of the World, le tabloïd au centre du scandale du «phone hacking». Un téléphone mobile spécial avait même été mis à la disposition des journalistes souhaitant espionner des personnalités.

Par ailleurs, un reporter du Sun, l'autre tabloïd phare de News Corp au Royaume-Uni, vient d'être arrêté. Les liens de proximité entre le groupe de Rupert Murdoch et David Cameron – le Premier Ministre anglais, qui avait embauché l'ancien rédacteur en chef de News of the World, Andy Coulson, comme chef de communication – font tâche. C'est pour cette raison qu'a été créée une commission de réflexion sur l'avenir du journalisme, présidée par le juge Brian Leveson, et dont l'objet est de définir des solutions pour assurer l'indépendance des médias vis-à-vis des politiques et mieux réguler certains agissements.

Tradition libérale

Mais ces états généraux de la presse «made in UK», parallèlement à la commission d'enquête parlementaire et à l'enquête judiciaire, ont surtout permis à David Cameron de se débarrasser habilement de cette affaire qui empoisonne une bonne partie de son mandat. Quant à la volonté de réguler le secteur, elle heurte la tradition libérale d'une profession plutôt encline à considérer que la presse s'autorégule. C'est en effet The Guardian qui a révélé une partie du scandale et le quotidien de centre-droit The Telegraph qui a fait la transparence sur les notes de frais disproportionnées des parlementaires, en 2010.

Selon Nick Higham, grand reporter à BBC News, «rien ne sortira de cette commission. D'abord parce que les politiques ne prendront pas le risque de se mettre à dos les journaux, le risque électoral est trop important pour eux. Ensuite parce que réguler un secteur comme la presse est extrêmement compliqué et cela crée plus de problèmes que ça n'en résout. En effet, par définition, le pouvoir politique peut difficilement se prononcer sur ce que la presse doit publier ou ne doit pas publier. Enfin, n'oublions pas que la presse ne livre pas certaines informations parce que le public serait stupide, mais bien parce que le public apprécie ces infos. Il y a une demande réelle, massive, et si une parution ne satisfait pas cette demande, une autre s'en chargera.»

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