A-t-elle vraiment voulu repartir pour l'Afrique du Sud? Ses atermoiements supposés ont en tout cas tenu les équipes en haleine. «Les journalistes de Voici ont travaillé sur l'affaire Charlène Wittstock, qui aurait voulu déserter Monaco à quelques jours de son mariage, pendant une semaine», raconte Philippe Labi, éditeur des pôles Féminin-People-Actualité et Luxe chez Prisma Presse. On peut prédire sans trop s'avancer que le couple monégasque sera en une du vétéran français de la presse people, qui sort une nouvelle formule le 9 juillet.
La nouvelle mouture de Voici se veut plus chic, avec un contenu mode et beauté plus étoffé. Le ton sera encore plus piquant, annonce sa nouvelle rédactrice en chef, Marion Alombert. Cette dernière est revenue chez Voici après un passage au sein du bimensuel Oops, que l'on a souvent qualifié... de «Voici pour les ados». On retrouvait en effet dans ce jeune titre people les légendes acerbes et les commentaires sardoniques qui font la spécificité de l'hebdomadaire, vétéran français du genre.
Alors que Closer et Public ont été lancés au milieu des années 2000, Voici est en kiosques depuis 1987. Lorsqu'Axel Ganz conçoit Voici, il ambitionne plutôt d'en faire un féminin pratique, dans la grande tradition de Prisma Presse. Échec. Ganz revoit intégralement la ligne éditoriale du magazine, qui devient le pendant insolent de France Dimanche, «le Canard enchaîné du people», selon Philippe Labi, et voit ses ventes exploser. Aujourd'hui, le titre, longtemps seul, a subi la concurrence de Closer et a vu ses ventes passer en cinq ans de 483 432 à 382 194 exemplaires.
Deuxième people après Closer, il reste réputé pour son style. Sans doute parce que le titre emploie des plumes, comme l'écrivain Philippe Jaenada (Le Chameau sauvage, Vie et Mort de la jeune fille blonde...). «Jaenada écrit les brèves d'actualité du début, explique Marion Alombert. Et tous les papiers sont rewrités.»
À quoi ressemble la vie d'un journaliste à Voici? L'ouvrage de son ancien rédacteur en chef, Jacques Colin, intitulé Voilà ! 1 663 jours dans les coulisses de Voici, a contribué à alimenter les fantasmes liés au titre. L'on y parlait notamment d'une femme, «Gorge profonde» de l'hebdomadaire. «Ce n'est plus le cas depuis très longtemps», souligne Marion Alombert.
Des procès au menu
«Chez Voici, on n'est pas moins journaliste qu'au Nouvel Observateur», lâche Philippe Labi. Et d'énumérer les «scoops» récents: la grossesse de Marion Cotillard, celle de Mélissa Theuriau... «Sur Carla Bruni, nous avons probablement péché par excès de prudence», regrette-t-il. Et pour cause: c'est Closer qui a emporté le morceau, en révélant le premier la future maternité de la Première Dame. En revanche, l'éditeur avoue un sujet de fierté: «Lorsque nous avons évoqué le voyage de Marc-Olivier Fogiel pour adopter un enfant, cela nous permettait d'évoquer des sujets comme l'homoparentalité. Mais nous avons préféré attendre que Fogiel revienne en France pour sortir le scoop, afin de ne pas interférer avec sa procédure d'adoption.» Ce qui n'a pas empêché l'animateur d'assigner Voici. «Nous avons eu un échange de SMS rugueux», reconnaît Philippe Labi.
Pour Voici, en effet, pas une semaine sans procès. C'est même un budget à part entière. «Le people, c'est un jeu qui coûte cher, lâche Philippe Labi. Certains nous assignent pour des bêtises, comme cette star de télévision que l'on montrait en train de pousser un landau, en écrivant en substance que tout allait bien pour elle... ». Laurence Ferrari? Philippe Labi reste discret sur ce cas. En revanche, Voici, dans lequel on pouvait déjà lire «Le Journal du Tribunal», publiera chaque semaine le top cinq des dommages et intérêts. On ne se refait pas.