Le Monde, Aujourd'hui en France et Le Figaro: rares sont les quotidiens nationaux à posséder encore leur imprimerie. Cette raréfaction devrait s'accentuer avec la cession à l'industriel Riccobono de 60% de L'Imprimerie, aujourd'hui détenue à 100% par le Groupe Figaro. «À partir de 1880, les journaux qui dépassaient 100 000 exemplaires ont eu besoin de détenir leur propre imprimerie, sans quoi ils auraient dû boucler trop tôt. Depuis l'informatisation des rédactions au début des années 1980, ce n'est plus nécessaire. Aujourd'hui, un journal n'a pas vocation à être imprimeur», estime Patrick Eveno, professeur à Paris I. Seul le groupe Amaury, éditeur du Parisien-Aujourd'hui en France et de L'Équipe, fait exception. Une situation favorisée par une réduction de l'équipe à 68 salariés pour la seule imprimerie de Saint-Ouen, contre 280 pour celle du Monde, à diffusion presque équivalente.
Désengagements massifs
Ces dix dernières années, les autres éditeurs de quotidiens nationaux se sont désengagés un à un, poussés par la baisse des volumes (–15% entre 2004 et 2010, selon une étude sur les coûts d'impression de la presse quotidienne remise en mai au ministère de la Culture), le poids de la masse salariale (53% des coûts) et le montant très élevé des modernisations nécessaires. La direction du Monde, confrontée à l'hostilité d'une branche du Livre-CGT, qui empêché la parution du journal fin juin, n'a pas encore franchi le pas d'abandonner son imprimerie, en pleine modernisation. Mais jusqu'à quand? En 1984 déjà, le directeur André Laurens préconisait la vente du Monde Imprimerie. L'histoire finira-t-elle par lui donner raison?