télévision
Alors que Canal+ se dit plus que jamais décidé à lancer Canal 20, le CSA devrait trancher avant la fin juillet sur un éventuel moratoire.

C'est une bagarre qui rappelle les premiers temps de la télévision numérique terrestre (TNT). Alors que Le Figaro a publié, le 23 juin, un sondage de l'institut CSA-NPA Conseil montrant que 69% des Français déclarent disposer de suffisamment de chaînes, un colloque organisé le même jour par le cabinet d'études a permis de mesurer le lobbying qui empèse le dossier des chaîne compensatoires, dites «bonus». TF1 et M6, auxquelles la loi accorde un canal après l'extinction de la diffusion analogique, le 30 novembre 2011, sont sur la même ligne. Nicolas de Tavernost, président de M6, demande une interruption dans le développement de la TNT gratuite au nom d'un équilibre économique acquis «par hasard» depuis 2005 en raison du transfert de recettes qui a suivi le lancement des dix-huit chaînes sur ce créneau, puis l'arrêt de la publicité après 20 heures sur France Télévisions. Pour lui, comme pour Nonce Paolini, son homologue de TF1, une seule solution: un moratoire jusqu'à 2016, date où les 400 millions d'euros de recettes publicitaires de France Télévisions en journée pourraient venir renflouer de nouvelles chaînes. «Les pouvoirs publics seraient bien inspirés d'appuyer sur la touche pause», a-t-il déclaré, en s'inscrivant en faux contre toute idée de «trésor caché des CSP+» et en soutenant celle d'une diffusion de LCI sur la TNT gratuite tout en menaçant d'être candidat à deux chaînes bonus.

Quel avenir pour le hertzien ?

Bertrand Meheut, le patron de Canal+, qui se prépare à lancer sa chaîne «à la mi-2012», a répliqué avec un certain amusement aux arguments de M6: «Nous ne sommes pas en mesure d'accepter un moratoire jusqu'en 2016 ni en 2014. C'est un non-sens.» Canal 20, qui bénéficiera d'un budget de 50 millions d'euros, table sur 4 points d'audience. «TF1 et M6 représentaient 74% du marché en 2005. Ils totalisent 76% aujourd'hui. Ce n'est pas catastrophique», souligne Bertrand Meheut. En parallèle, son groupe travaille sur des portails de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), où seront proposées des œuvres en fin de course dans le calendrier des droits (36 mois). Alain Weill, qui réclame une licence pour RMC Sport (comme NRJ et L'Équipe), estime que les chaînes historiques se tirent «une balle dans le pied»: «En 2016, la TV connectée sera là. L'avenir du hertzien est positif si ses acteurs bougent.» Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), à qui Matignon a confié le 20 mai une «mission de consultation et de réflexion sur l'évolution de la TNT», fera une recommandation sur le sujet avant la fin juillet. Bruxelles, qui a mis en demeure la France de se conformer au droit européen en lançant une procédure transparente et non discriminante, ne devrait envoyer son avis motivé qu'en septembre.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.