L'engouement sera-t-il à la hauteur de la fièvre qui s'est emparée d'Internet lors de la campagne d'Obama en 2008? Avec le lancement de la chaîne participative You Tube Elections 2012, le site de partage vidéos You Tube réactualise sa formule gagnante (You Choose 08) lors des élections législatives de 2010 en Grande-Bretagne, en partenariat avec l'Agence France-Presse (AFP), le réseau Twitter et le Centre de formation des journalistes (CFJ). Objectif: prendre le pouls de la campagne électorale et interpeller une cible jeune sur la présidentielle.
Premier invité, François Hollande a été reçu dans la matinée du mercredi 1er juin dans le studio du CFJ pour une émission de questions-réponses, diffusée l'après-midi sur Internet. Informés par un décompte des jours restants avant le jour J, les internautes ont déposé au préalable des questions écrites ou vidéos au CFJ et à l'AFP, qui sélectionnent ensuite les questions soumises elles aussi au jugement du citoyen. Cinq jours avant l'interview, le dépôt de vidéos pour l'émission, selon l'AFP, était «plutôt calme». Les questions, elles, fleurissent sur la nouvelle plate-forme.
Electorat vivant sur Internet
Si l'AFP et le CFJ jouent la carte de l'innovation, la préparation de l'émission est, elle, envisagée, à la manière des émissions politiques traditionnelles des chaînes de télévision. «Nous commencerons par la dette grecque, via la question vidéo de notre bureau d'Athènes, puis la Palestine, chère à François Hollande, via celui de Jérusalem», précise Bernard Pellegrin, adjoint au directeur de l'information à l'AFP. Surmédiatisée sur Internet, «l'affaire DSK» sera, elle, évoquée «plus tard» dans l'émission, indique l'AFP.
De fait, l'électorat sur le Net est plus vivant qu'on ne le croit. Première arme de mesure de la popularité, la filiale de Google a mis à disposition son outils Insights for Search, sorte d'électrocardiogramme des recherches Internet effectuéespar candidat sur le moteur Google. C'est ainsi que Marine Le Pen, prévue en troisième invitée, après Dominique de Villepin, dépasse largement François Hollande sur les requêtes enregistrées.
Côté dispositif, le coût est «supportable», indique l'AFP, qui propose d'ailleurs à ses clients, les médias principalement, les contenus vidéo de la nouvelle chaîne. L'agence écarte les rumeurs d'une orientation plus «grand public»: «C'est d'abord un gain de visibilité», souligne Bernard Pellegrin.
Le CFJ utilise, lui, la matière grise de ses étudiants pour dispenser une formation à l'automaticité et à la réactivité d'Internet. A l'échelle mondiale, la chaîne Elections 2012 ne sera qu'une goutte d'eau dans l'océan You Tube qui, chaque jour en 2011, enregistre quelque trois milliards de vidéos visionnées, soit 50% de plus que l'année précédente.